Juste après la prestation de serment, le chef de l'Etat a assuré que la politique de décentralisation sera accélérée et effective. Dans son premier discours de son nouveau quinquennat, le Président Abdelaziz Bouteflika réaffirme sa volonté de poursuivre et d'approfondir la politique des réformes. Après les réformes engagées dans les secteurs de l'éducation nationale, de la justice et des finances, le chef de l'Etat inscrit la réforme des structures de l'Etat en priorité durant son nouveau mandat. «La réforme des structures et des missions de l'Etat sera accélérée...», a déclaré M.Bouteflika dans un discours prononcé à l'occasion de la cérémonie de son investiture qui a eu lieu hier au Palais des nations, Club des Pins. Le chef de l'Etat a expliqué encore les objectifs de cette politique. «La réforme des structures de l'Etat a pour objectif, en particulier, une nouvelle répartition des pouvoirs publics», a-t-il expliqué après la prestation de serment. Le président de la République enchaîne que la répartition des pouvoirs publics doit être fondée sur une décentralisation plus poussée. Il a insisté sur le fait que cette «décentralisation devra être effective en mettant strictement en cohérence les missions assignées et les moyens dévolus», a-t-il souligné. Et d'ajouter: «Mais une décentralisation qui devra aussi prévenir les risques de dérives. Dans ce but, elle aura à s'accompagner d'instruments de contrôle efficients en veillant à ce qu'ils ne constituent pas des freins à l'initiative.» Décortiquant encore la décentralisation envisagée, Abdelaziz Bouteflika insiste à ce que cette politique implique la société civile. «Cette décentralisation devra s'accompagner d'une implication civique large et responsable, donnant toute sa portée au contrôle populaire. L'Etat, pour ce qui le concerne, renforcera, à travers notamment les programmes éducatifs mis en oeuvre, son action en vue de promouvoir et de développer la conscience citoyenne et la culture civique parmi la jeunesse», déclare-t-il. L'Algérie a manifesté sa volonté d'appliquer cette politique depuis l'investiture du Président Bouteflika pour la première fois en 1999 à la tête de la magistrature suprême du pays. Juste après son élection, le chef de l'Etat a demandé l'élaboration d'un rapport portant sur les réformes des structures de l'Etat. Missoum Sbih, l'actuel ambassadeur de l'Algérie à Paris, avait été chargé de cette mission. Depuis son élaboration, ledit rapport n'a pas été appliqué. Il est toujours resté dans les tiroirs. M.Sbih avait suggéré, dans la perspective, entre autres, de la réforme de l'Etat, la création de pôles d'excellence avec la création de superwilayas et de grands ministères. Il a ainsi suggéré la création des pôles d'excellence. Il s'agit d'inclure deux à trois wilayas dans un seul pôle qui sera, dédié à une activité précise. Les recommandations de la commission Sbih incluent, également, un nouveau découpage administratif, dans la même logique et dans la perspective des pôles d'excellence. Comme première étape de l'application de cette politique de réforme, l'Algérie prévoit d'introduire un nouveau découpage administratif. Il s'agit de la promotion de quelques daïras en wilayas-déléguées. Le dossier est bien ficelé, selon le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Noureddine Zerhouni. Environ 95 daïras qui ont été désignées, sont en attente d'être promues. Ce dossier sera, incessamment, sur les tablettes du prochain gouvernement. Une fois le découpage adopté et appliqué, on procédera, ainsi, à la nomination des super-walis qui chapeauteront un bon nombre de wilayas déléguées. La réforme des structures de l'Etat ne concerne pas seulement l'administration locale. Il s'agit, également, de la création des grands ministères. Le rapport Sbih prévoit la disparition d'une vingtaine de ministères. La composante gouvernementale sera réduite, selon les mêmes recommandations, à une quinzaine de ministères seulement. Ces grands ministères vont englober plusieurs secrétariats d'Etat. Cette politique permettra au gouvernement d'assurer une meilleure cohérence et un ajustement des actions de chaque portefeuille. En évoquant la réforme des structures de l'Etat, le Président Bouteflika appliquera-t-il les recommandations de la commission Sbih que lui-même avait demandées? Autrement dit, le rapport Sbih verra-t-il enfin le jour 10 ans après son élaboration? Une chose est, néanmoins, sûre: le chef de l'Etat a exprimé son souhait que la réforme des structures de l'Etat «soit accélérée» et «effective».