L'Algérie prend tout son temps pour bien négocier son adhésion, souligne le négociateur Saïd Djellab. Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, sera présent au 1er Forum des hommes d'affaires maghrébins qui se tiendra les 10 et 11 mai prochain à Alger. Cette visite intervient alors que les négociations entre l'Algérie et cette organisation stagnent et ce depuis le début de 2008. En effet, le dernier rapport du groupe de travail pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC a considéré qu'il restait beaucoup de mesures à prendre par l'Algérie pour accéder à cette organisation. L'Algérie fait objection sachant qu'elle a accompli l'essentiel pour son accession. Les responsables du ministère du Commerce refusent certaines conditions formulées dans la dernière liste de questions adressée par l'OMC. Le négociateur algérien était clair à ce propos: «L'Algérie n'acceptera pas des conditions non prévues par les accords, dénommés également règles, de l'OMC, surtout si elles portent atteinte à l'intérêt national dans le cadre des négociations d'adhésion à cette organisation». L'Algérie, avait encore précisé Saïd Djellab, n'a aucun problème pour la question de conformité avec les accords de l'OMC (...) «mais tout ce qui est en plus de l'accord est inacceptable, d'autant plus s'il touche à l'intérêt national». Après le dixième round de négociations, l'Algérie a reçu 96 questions concernant certains aspects d'une dizaine de thèmes sur lesquels elle poursuit actuellement les négociations. Il s'agit, selon ce responsable, des régimes des licences d'importation, des mesures sanitaires et phytosanitaires, des obstacles techniques au commerce, des subventions aux exportations, du fonctionnement des entreprises publiques, du double prix du gaz, de la taxe sur la valeur ajoutée, et des entreprises commerciales d'Etat. Une fois examinées, ces questions seront transmises au secrétariat général de l'OMC pour discuter de la date du 11e round. Toutefois, jusqu'à présent, c'est le black-out total. Selon le négociateur, des membres de l'OMC essaient «d'imposer des choses à l'Algérie», mais «nous prenons tout notre temps pour bien négocier». Pour ce responsable, l'adhésion de notre pays à l'OMC est en fonction des intérêts de l'économie algérienne, à court, moyen et long termes. Pascal Lamy avait auparavant souligné que l'accession de l'Algérie à l'OMC n'est pas «la priorité» du gouvernement algérien. Pourtant, estimait-il, le système d'accession est relativement simple. La venue du premier responsable de l'OMC sera-t-elle donc une occasion pour accélérer les négociations? Notre pays a introduit sa première demande d'adhésion à l'OMC en 1987, mais les négociations effectives d'adhésion n'ont débuté qu'en 2001. Elles sont arrivées au dixième round, après plusieurs annulations en 2006. Le neuvième round remonte à octobre 2005. A ce jour, l'Algérie a traité 1600 questions relatives à son système économique et a tenu 93 réunions bilatérales avec 21 pays.