L'écrivain apporte son témoignage sur le Vieux Biskra lors d'une conférence donnée au TNA d'Alger. A l'ombre ou sous les feux de la rampe, Hamid Grine a su garder son authenticité. L'écrivain et ancien journaliste continue son petit bonhomme de chemin, aligne les romans à la même vitesse que les succès: Chronique d'une élection pas comme les autres, La dernière prière, Cueille la nuit avant le jour, et le tout dernier Café de Gide. Par une énième sollicitation, Hamid Grine a été l'invité du Théâtre national algérien (TNA), Mahieddine Bachtarzi dans le cadre de sa tribune ´´Echo des plumes´´. Présenté dans le cadre de la manifestation «El-Qods, capitale de la culture arabe 2009», une séance de lecture du texte de l'auteur. Cette initiative a été prise par la direction du TNA afin de faire découvrir les travaux littéraires et théâtraux et faire de ces rendez-vous un réservoir et une bibliothèque pour le 4e art. L'écrivain, aux multiples talents a mûri, ses textes sont mieux tournés, plus lucides et a mis à profit cette occasion pour plonger l'auditoire au coeur de sa vie d'adolescent à Biskra, la reine des Ziban. Devant un parterre de jeunes artistes, de journalistes et de critiques, avec comme toile de fond des scènes de représentation qui se veulent des tableaux à travers lesquels le conférencier dépeint le quotidien des Biskris à l'époque coloniale, quotidien fait de difficultés de subsistances, de résistance et d'héroïsme, mais aussi de rêve d'un mieux-être. «J'ai été marqué par une enfance où l'oisiveté rythmait la magie et la solennité de ce monde isolé. Puis on a pris conscience que les sacrifices exigés ne furent jamais consentis, mais plutôt arrachés par la manipulation et l'édification d'une prison mentale», a affirmé M Grine. Son témoignage est un document de grande valeur sur le Vieux Biskra, une lecture à la fois romanesque et critique de sa ville natale des années 60. «Biskra n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui», a-t-il dit. Une situation hybride côtoie les égarements fantasmatiques d'une jeunesse qui ne sait où donner de la tête. «Ici, je présente le paradoxe qui existe entre André Gide qui ne peut pas vivre hors de cette ville et qu'il trouve merveilleuse et le Biskri qui veut la quitter coûte que coûte», a expliqué l'écrivain. «C'est un ouvrage qui me tenait tant à coeur, c'est un livre personnel, une partie de moi-même, que j'ai porté en moi durant des années comme une femme qui a porté son enfant», ajoute-t-il. A cet effet, le conférencier déclare que «c'est une dette, vis-à-vis des habitants de cette ville que j'aime tant, avec qui je partage beaucoup de choses et par gratitude, c'est là où j'ai été formé». Hamid Grine relate ainsi son parcours, avant d'inviter à un voyage dans le temps, et ce, en ressuscitant son adolescence vécue dans sa ville natale, Biskra, la grande oasis. Une manière pour lui de se ressourcer. Durant les années 80, Hamid Grine s'est imposé dans la cour des grands journalistes sportifs algériens, puis il devint rédacteur en chef de plusieurs publications. Ayant ce don d'écriture et l'amour pour la culture, en général, et la littérature, en particulier, il s'est mis à extérioriser le feu qui le dévore pour la plume, et ce en publiant des ouvrages dans divers domaines, tels que Chronique d'une élection pas comme les autres, La dernière prière, Comme des ombres furtives, Cueille la nuit avant le jour, La nuit du henné, Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien, et son tout premier opuscule sur la saga de l'Entente sétifienne. «A mes débuts comme journaliste, j'ai préféré écrire dans la rubrique sportive, parce qu'il n'y avait pas de censure», nous a indiqué le conférencier. «Je suis sociologue de formation, j'étais branché plus sur la culture et la société», a-t-il ajouté. Lors du débat, Hamid Grine répondit sous le feu des questions aux nombreux journalistes et lecteurs de ses romans sur Le café de Gide en particulier. Chaque intervenant apportait sa lecture avec un regard et une sensibilité différente. D'ailleurs, beaucoup de propositions lui ont été faites comme de scénariser ses romans pour des films ou des pièces de théâtre, puisque la coïncidence est de mise et le moment opportun. Pour sa part, le responsable de l'édition Alpha, Lazhari Labter, a pris la parole pour annoncer à l'assistance la prochaine parution du nouvel ouvrage de Hamid Grine, le traduisant par une pensée, une sentence: «ne pas dévoiler la surprise, sinon le livre, ne se vendra pas», (rire).. «Je crois qu'il faut parler du présent. Prendre le risque de glaner des épis encore dispersés, de se heurter à la fragmentation, à l'inachevé. Prendre le risque de se tromper...car il est toujours plus facile d'avoir eu raison après coup. J'ai envie d'écrire sur Maintenant, et c'est ce à quoi je m'applique en ce moment. Par avance, je sollicite votre indulgence», a conclu l'invité de «Echos de plumes.»