Musicalité des mots, correspondance des âmes. Un ravissement pour les sens. Une symbiose réussie à laquelle nous avions été conviés dimanche soir au Centre cultuel français, où nous avons assisté à un exercice de théâtralité pas comme les autres. Des lectures croisées, délicieuses et pleines de charme d'extraits d'oeuvres du dramaturge algérien Mohamed Kacimi et de la Franco-Canadienne, la sublime écrivaine Nancy Huston. Sur un ton plein de charme, tantôt léger ou distingué, fantasque ou piquant, nos deux orateurs nous ont entraînés dans un voyage des mots puisés dans leur quête d'absolu d'artiste épris de liberté et d'altérité. Pour l'un, il fut question de l'Orient après l'amour et l'autre Une adoration et Nord perdu couronnés par Tu es mon amour depuis tant d'années (en collaboration avec Rachid Koraïchi). «J'ai rencontré Nancy Huston à Paris en 1993 au moment de la rédaction d'un ouvrage Enfances d'ailleurs qu'elle dirigeait avec Leïla Sebbar. De cette rencontre est née une grande complicité. Nous sommes devenus très proches, car étant chacun aux antipodes de l'autre. Nancy, enfant de Calgary rêvait du Sud profond et l'Algérie traverse souvent ses récits, comme c'est le cas dans Une adoration, alors que moi, enfant des Hauts-Plateaux, adolescent, je ne rêvais que d'une chose, m'établir un jour au Canada, au Saskatchewan, pour ne plus entendre parler du soleil.» confie le dramaturge et président de l'association «Ecritures vagabondes». «Depuis cette date, nos chemins se croisent et se mélangent entre Jérusalem, Toronto, Tunis ou Montauban. Je prête ma voix aux récits de Nancy pour revivre Ce Nord perdu de mes rêves d'enfant, et elle, m'accompagne dans les lectures de mes Orients pour retrouver, peut-être, le chemin d'un Sud qu'elle ne perd plus.»