La prudence est de rigueur quant à la fiabilité des estimations faites par le FMI. Plusieurs pays ont exprimé des réserves sur la méthodologie utilisée. Le dernier rapport du Fonds monétaire internationale (FMI) est optimiste quant au taux de croissance de l'Algérie. Le rapport prévoit, en effet, une croissance du PIB de l'ordre de 4,5% au cours de l'année 2009 et de plus de 3,5% à l'horizon 2010. Seulement, voilà, il faut savoir que ces estimations ont été revues à la baisse. Le FMI prévoyait, dans un rapport publié en mars dernier, une croissance estimée à 4,5% en 2009. Le constat à faire est que cet optimisme est loin de refléter la réalité d'autant que, concrètement, la croissance de notre pays est considérée encore comme faible, en prenant en compte le fait que notre pays n'a pas encore souffert des contrecoups de la crise financière mondiale, qui frappe le monde industriel, comme l'estiment certains observateurs. Or, les stigmates de la crise financière internationale sont bel est bien visibles, marquées par une baisse de moitié des recettes pétrolières au premier trimestre de cette année et la flambée des prix des matières premières. Notre pays, dont les exportations en hydrocarbures représentent 98% des entrées en devises, est confronté à une baisse qui semble durable, de la demande pétrolière induisant une chute vertigineuse des cours des prix du pétrole. C'est dans ce contexte, loin d'être favorable, que le FMI produit un rapport sur l'Algérie quelque peu en décalage. Aussi, Abderrahmane Mebtoul, professeur en sciences économiques, estime que le rapport du FMI sur le taux de croissance en Algérie est inquiétant. «Une faible croissance aurait un impact direct sur le taux d'emploi. Avec un taux de chômage déjà élevé estimé à 12%, il y aurait une impossibilité de faire baisser le taux de chômage actuel dont une grande fraction est constituée d'emplois précaires». Selon, M.Mebtoul, la préoccupation réside dans le fait qu'il y a déjà un déficit dans la création d'emplois à valeur ajoutée, avec une croissance molle, donc la possibilité de créer des emplois semble illusoire face à une conjoncture assez morose. Aussi, le professeur Mebtoul estime que selon lui, l'Algérie est touchée de plein fouet par cette crise mondiale. «Le taux de croissance hors hydrocarbures est assez faible et les principale sources de développement de ce secteur proviennent des dépenses publiques à travers la rente pétrolière. Face à cet état des lieux, les perspectives de l'évolution des activités hors hydrocarbures sont incertaines». Ajoutant: «Avec un prix entre 40 et 50 dollars cela rendrait à long terme plus difficile la réalisation de certains projets gazier et pétrochimique». En somme, la prudence est de rigueur quant à l'évolution de la situation économique mondiale, laquelle, selon le rapport du FMI, est tributaire de la stabilisation des marchés financiers, qui risque de prendre plus de temps que prévu. Par ailleurs, l'aspect positif qu'on pourrait citer, inhérent à l'Algérie, est qu'elle bénéficie, par rapport à d'autres pays en voie de développement pénalisés par la crise, des effets de sa politique de remboursement anticipé de sa dette extérieure qui est passée de 21 milliards à 4,7 milliards de dollars entre 2004 et 2008, dont l'endettement ne sera plus que d'environ 600 millions de dollars à la fin 2009. Ce qui permettra à l'Algérie de faire partie des rares pays à la dette extérieure faible et devrait sans doute mieux s'en sortir que de nombreux autres en développement et du continent africain.