La situation est contrôlée. Elle rentrera dans l'ordre progressivement. Le gasoil se fait rare à Alger. La pénurie a touché plusieurs stations-service. Depuis quelques jours le décor est planté: les automobilistes sont obligés de faire la queue pour se ravitailler en carburant. Mais cette mission n'est pas toujours accomplie. Ils sont souvent contraints de rebrousser chemin pour faire le plein dans une autre station, puisque celle qu'ils ont choisie ne dispose pas de gasoil. Les transporteurs sont aussi pénalisés. Certains d'entre eux ont tout simplement immobilisé leurs véhicules. Bien évidemment, ce sont les usagers du transport en commun qui, les premiers, font les frais de cette pénurie. Nous rencontrerons certains parmi eux au niveau de la station de bus de Bordj El Bahri. Amina, universitaire, attend depuis plus d'une heure le bus qui devrait la déposer à Tafourah à Alger-Centre. Elle prend son mal en patience: «Moi au moins je n'ai pas de voiture, que dire des personnes qui étaient obligées de garer leurs voitures faute de carburant pour se déplacer en bus», ironise-t-elle. Trouver un taxi ou un clandestin qui fera ce trajet relève de l'impossible: «Je ne sais pas jusqu'à quand va durer cette pénurie. Je préfère jouer l'assurance» nous déclare Salim qui, d'habitude, prend volontiers les clients à destination d'Alger-Centre, qui est une ligne très rentable. Au niveau de cette commune, la même réponse nous a été fournie dans les deux stations-service. «Nous n'avons pas été approvisionnés en carburant apparemment il y a rupture stock.» Nous nous dirigeons vers El Hamiz. Les automobilistes qui viennent faire le plein d'essence (l'essence super et normale) n'arrivent pas à être servis rapidement, car les propriétaires de voitures diesel qui attendent leur tour pour être approvisionnés en gasoil y créent un sacré «embouteillage». Même ambiance à Kouba, à Sacré coeur et El Mohamadia. Comment expliquer cette situation? L'Expression a pris attache avec le service commercial de Naftal. A ce niveau notre source insiste sur le fait qu'il n'y pas de pénurie de gasoil. «Il s'agit plutôt de rupture enregistrée au niveau de quelques stations-service», précise un cadre au niveau de la direction. Selon notre interlocuteur, ce manque concerne essentiellement les petites stations dont la capacité ne dépasse pas les 10.000m3. Les grandes stations se situant sur les axes routiers Alger-Birkhadem, Chéraga, Zéralda - Mazafran, Birtouta, Boumerdès «ne connaissent pas de pénurie», ajoute notre interlocuteur. Pourquoi les petites stations ne sont pas ou sont peu approvisionnées? Notre source cite deux principales raisons. La première a trait aux travaux de maintenance au niveau des gros bacs. La seconde, qui est la plus importante concerne «le retard de commande ou dans la passation de la commande». Le cadre de Naftal insiste sur une chose: «Il ne faut pas comparer cette rupture avec la pénurie de gasoil survenue l'année précédente à cause de l'accident qui a touché la raffinerie de Skikda.» L'autre précision: «Il n'y a pas de problème de stockage, la matière existe.» Et même en cas de rupture d'importation la capacité de stockage de l'Algérie «lui garantit une autonomie d'un mois». L'autre problème à écarter est celui du transport: «L'acheminement se fait par pipe et par navire.» La situation est donc contrôlée, rassure notre source. Elle rentrera dans l'ordre progressivement. Dans le même volet, l'on notera que la consommation de gasoil est en nette augmentation en Algérie qui dépense annuellement 200 millions de dollars comme facture d'importation pour couvrir les besoins du marché local. Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, défend l'augmentation du prix du gasoil dans le but d'encourager la consommation de l'essence et du GPL, car ces deux produits sont moins polluants. La proposition fut rayée de la loi de finances de 2007 par les députés. Dans le même volet on évoque une augmentation des marges bénéficiaires de distribution des carburants qui va permettre aux distributeurs d'équilibrer leurs comptes et de réaliser des investissements à long terme. Actuellement, la marge du litre vendu à la pompe est de 1,25 dinar pour le litre d'essence normal et le sans-plomb et de 1,10 dinar pour le gasoil. Abordant l'application de la nouvelle revalorisation de la marge bénéficiaire, il est question de mettre une nouvelle formule d'indexation sur 4 à 5 ans des marges bénéficiaires des carburants pour assurer une révision annuelle de 5%.