Au-delà des aspects techniques, il y a cette fixation sur l'avant-projet de loi des hydrocarbures. Le partenaire social Sonatrach et le gouvernement devront désormais faire preuve de créativité pour contourner les écueils de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, avec des séances de brainstorming à la clé. C'est ce qui apparaît de la septième conférence nationale de renouvellement du syndicat national Sonatrach qui s'achève aujourd'hui à l'hôtel El-Aurassi. Pendant deux jours, les cadres syndicaux du secteur des hydrocarbures - près de 340 délégués - ont eu à analyser un rapport moral et d'activités - de juin 1996 à juin 2002 - avant de procéder au renouvellement de leur instance syndicale censée regrouper tous les secteurs. Mais au premier jour déjà (hier), le désir de reconduire les actuels bureaux et conseil pour un nouveau mandat était aisément perceptible. Ces derniers étant essentiellement représentés par MM.Badredine et Setti qui développent l'idée d'«un syndicalisme d'intérêt national voué à la défense de l'économie du pays, suivant une ligne syndicale juste». Au-delà des aspects techniques de ce rendez-vous syndical, il y a surtout cette fixation sur l'avant-projet de loi des hydrocarbures, qui risquerait de porter préjudice à cette perle de l'économie algérienne: Sonatrach, avant-projet qui a suscité une vive réaction, le 20 mars dernier. Le syndicat veut plus de prérogatives, plus de contrôles. Et dit que les gisements actuels doivent rester la propriété de Sonatrach. La Centrale syndicale estime, d'ailleurs, que cette loi est, de fait, un problème national. A ce propos, des négociations sont toujours en cours. «Le dialogue a commencé et l'on a buté sur ce dernier point», ajoute-t-on. A la Sonatrach, où la syndicalisation est à 70%, l'on s'oppose farouchement au recours abusif de la sous-traitance au détriment de l'emploi productif. L'on veut se battre pour la préservation des emplois et la pérennité de l'entreprise face au péril des multinationales. Ces géants venus d'ailleurs. Cependant, l'on se dit disponible au dialogue. En matière de négociation, «l'organisation jugera sur pièce», nous apprend-on encore. En attendant que le secrétaire général du syndicat ait le premier contact avec le gouvernement, c'est donc la loi 86-14 amendée par la loi 91-21 qui a permis l'ouverture de l'investissement étranger, en préservant l'intérêt national et celui des générations futures qui reste objet de litige. Vu qu'en dépit du dialogue et des changements induits par différentes moutures, les préoccupations majeures des travailleurs du secteur demeurent sans réponse. De ce fait, le syndicat national Sonatrach, faute d'alternative qui prenne en charge les attentes des travailleurs, continuera à rejeter cet avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Ce dernier, véritable bête noire, inspire le syndicat à maintenir «sa vigilance contre les effets contraires à nos intérêts qui y sont contenus». Il compte organiser une action syndicale de masse chaque fois que nécessaire pour la sauvegarde des acquis sociaux des collectifs, la protection de l'emploi et du caractère public et national de la Sonatrach avec la préservation de son rôle, de ses missions et de l'ensemble de ses actifs. Devant les temps qui s'annoncent durs pour le syndicat Sonatrach, l'on songe à améliorer la formation syndicale et le fonctionnement. «Dans ce système à tendance libérale, les militants syndicaux doivent être mieux formés afin de pouvoir assumer leur rôle et remplir leurs missions qui consistent, entre autres, à encadrer les travailleurs qu'ils doivent savoir gagner (...). Il y a également des changements en perspective face auxquels il y a lieu de se préparer, et des défis à relever face à des mutations impératives, notamment dans les relations de travail.» L'adaptation au changement induira également l'adaptation à l'exercice de droit syndical qu se profile à travers le libéralisme et l'économie de marché tout en rompant avec certains attitudes afin d'éviter d'être confronté à une rupture brutale imposée par les changements déjà annoncés dans notre pays et imposés par l'environnement de l'entreprise. Il s'agit plus que jamais du choix des hommes.