Le Chef du gouvernement a indiqué que le texte fera de nouveau l'objet de concertation avec l'UGTA. Ouyahia s'est aligné sur la position du chef de l'Etat et des néo-réformateurs Khelil en faveur de l'adoption de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures alors qu'il était avant sa nomination à la tête de l'Exécutif, en tant que secrétaire général au RND, un farouche opposant au projet. Le rapport de forces politiques a donc tourné en faveur de ces néo-libéraux. La meilleure illustration de ce changement de position a été son plaidoyer, hier, pour la nouvelle réforme du secteur, devant un parterre de responsables du secteur de l'énergie et de Sonatrach, paradoxalement dans le contexte actuel des émeutes dans différentes régions du pays pour protester contre la hausse des prix de la bouteille de gaz butane et des carburants. En phase avec le président de la République, à la veille d'un remaniement ministériel que l'on dit imminent, il a présenté un argumentaire qui semble cohérent. Après avoir relevé que le projet de texte est ouvert à de nouveaux arguments et qu'il sera soumis à concertation avec l'UGTA, il a affiché une série d'arguments qui plaident pour l'adoption du texte. En vue de lever les appréhensions de l'opinion publique et des salariés du secteur, le chef de l'Exécutif a soutenu que cette loi respecte la Constitution. Elle n'a (pas) pour but la privatisation de Sonatrach. Ce texte ne réduit pas la part de la collectivité nationale dans les ressources hydrocarbures du pays. Suit une autre série d'arguments béton : “Cette même loi permettra à l'Algérie de renforcer l'exploration et l'exploitation de ses capacités et de renforcer ainsi ses potentialités sur le marché mondial et partant de consolider la richesse nationale… Et puisque le secteur de l'énergie et des mines constitue la force essentielle de notre économie nationale”, nous devons dire à nos compatriotes : premièrement, ce sont les réformes qui permettront à l'Algérie d'aller bientôt à une capacité de production supérieure à 1,5 million de barils/jour, au service des générations montantes, alors que la génération à laquelle j'appartiens a grandi avec le cauchemar de l'épuisement du pétrole (en Algérie) au début de ce siècle, une situation que les mutations de 1986 et de 1991 ont pu éviter. Deuxièmement, ce sont ces changements qui permettront de développer une industrie pétrochimique digne de nos capacités, ce que notre pays n'a pas réalisé depuis l'Indépendance. En résumé : cet argumentaire rejoint celui que n'a cessé de marteler le ministre de l'Energie depuis plusieurs années. En clair, grâce aux investissements étrangers stimulés par les avantages que procure le nouveau texte, l'Algérie va intensifier l'exploration et le développement de gisements, permettant d'accroître ainsi les richesses du pays et, de ce fait, les ressources de l'Etat. Jamais le Chef du gouvernement n'a développé les arguments du projet avec autant de persuasion. Ainsi, ce n'est pas fortuit qu'Ouyahia intervienne à l'installation des conseils d'administration des agences de régulation des secteurs des mines et de l'électricité sur cette réforme. C'est avec tout son poids et des relations moins tendues avec l'UGTA qu'il est venu devant les cadres de Sonatrach et de l'énergie soutenir le projet, préparant le terrain à son adoption, en s'adressant par ricochet à l'opinion publique dans un but persuasif. Se démarquant du ministre de l'Energie qui vient d'indiquer que la commission de l'APN peut solliciter le partenaire social dans son examen du projet, le Chef du gouvernement a carrément ouvert de nouveau la concertation avec la Centrale syndicale sur le nouveau texte. En fait, nous ne sommes plus en 2002. Le président Bouteflika détient aujourd'hui les leviers politiques pour faire passer ce texte plus facilement. Rencontre Khelil-patronat Dans le cadre de la poursuite des concertations prises par les pouvoirs publics, M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, a inauguré la première des rencontres entre les différents ministères et le patronat national. C'est ainsi que dimanche dernier, la coordination patronale, représentée par les présidents de CAP-CNPA-CIPA-CGEA a été reçue au siège du ministère pour une séance de travail en présence des représentants des différents départements ministériels (gaz, électricité et mines). Au cours de cette rencontre, ont été débattues toutes les contraintes qui ont, par le passé, paralysé les initiatives d'investissement. La coordination patronale a fait état des préoccupations des chefs d'entreprise en matière de relations avec les différents secteurs, concernés directement par l'accompagnement en matière d'investissement et de relance économique. Ont été débattues également les difficultés en matière de fourniture d'énergie (gaz, électricité et carburant) et d'équipements, lesquelles incidences se perpétuent depuis la décennie noire. À l'issue de la séance de travail, et suite aux éclaircissements fournis et aux engagements pris par le ministre de l'Energie et des Mines, pour la prise en charge des préoccupations des opérateurs économiques, les représentants de la coordination patronale ont affiché leur entière satisfaction quant à cette rencontre, initiée par les pouvoirs publics pour réaffirmer le contenu du programme du président de la République lors de sa réélection en avril dernier. N. R.