Le secteur privé tunisien a accumulé une expérience qui peut être capitalisée. Après le report du sommet de l'UMA, le séminaire sur l'investissement algéro-tunisien est la première manifestation qui vient jauger l'intérêt que se portent mutuellement les pays maghrébins. Et comme l'affirme M. El-Hadi Jilani, la construction de l'Union européenne a suivi un long cheminement et a commencé d'abord par l'acier et le charbon. Et comme en écho, M.Ali Habour a affirmé: «Nous ne laisserons pas partir les hommes d'affaires tunisiens tant qu'ils n'auront pas signé des accords de partenariat avec leurs homologues algériens». En d'autres termes, il est temps de passer aux choses sérieuses et de poser les premiers jalons de la construction maghrébine. Le sommet de l'UMA a été reporté, alors disons tant pis, mais si dans les faits des hommes d'affaires des deux pays arrivent à se mettre d'accord pour lancer en commun des projets de partenariat, alors rien n'aura été perdu. La Chambre de commerce et d'industrie algéro-tunisienne existe bien depuis 1985, mais dans la réalité ses activités ont été pratiquement gelées pendant près de quinze ans, et ce n'est que cette année que cette instance bilatérale a été remise sur les rails, et que des sections ont été créées dans chacun des deux pays frères. La section algérienne est présidée par M. Saïd Othmani, directeur de Coca-Cola Algérie. Quant à la section tunisienne elle est présidée par Mohamed Sahraoui. Un premier séminaire a déjà été organisé à Tunis, au mois d'avril 2002, qui avait permis de nouer des contacts et jeter des passerelles d'affaires entre les deux pays, et ces premières mises en relations d'affaires seront fructifiées au cours de ce séminaire d'hier et d'aujourd'hui à l'hôtel Sharaton pour concrétiser des projets. Le secteur privé tunisien a accumulé une expérience qui peut être capitalisée pour redynamiser l'économie algérienne et si l'Union européenne a eu le charbon et l'acier pour fondations, il est fort possible que la construction de l'Union maghrébine se fasse sur le tourisme, dans lequel les Tunisiens excellent, le textile, le bâtiment, les matériaux de construction, les banques, l'agroalimentaire, le traitement des eaux, les travaux routiers, les fournitures scolaires. Bien entendu, l'investissement est à double sens, et la recherche de partenariat peut aussi bien installer les unités de production dans l'un ou l'autre des deux pays. Et c'est certainement la meilleure manière de ne pas mettre la charrue avant les boeufs. D'après M.El-Hadi Jilani, président tunisien de l'Utica, tous les hommes d'affaires tunisiens ont eu entre leurs mains tous les textes de lois qui régissent l'activité économique en Algérie. Ils connaissent donc très bien les nouveaux dispositifs qui encadrent l'investissement en Algérie, et que leur souhait à terme est de parvenir à ouvrir un bureau à Alger et un autre à Tunis pour assister les hommes d'affaires des deux pays. Quant à la mise en place d'une zone de libre-échange entre les deux pays, les participants au séminaire, qu'ils soient algériens ou tunisiens, ont tous déclaré que cet objectif, qui devait être réalisé dans le cadre de l'UMA, voire à l'échelle de la Méditerranée, s'inscrit dans une logique inéluctable et que tôt ou tard on y viendra.