Le chef de corps d'armée, Mohamed Lamari, a choisi un bien curieux support pour répondre à la fameuse «source autorisée» du MDN. Le flou le plus total entoure la sortie de la fameuse «source autorisée» sous la forme d'un entretien repris en choeur par une bonne partie de la presse nationale, mais aussi la réponse du chef de corps d'armée, qui serait antérieure au premier document. (lire l'article de Ad. M. en page3). Toujours est-il que les citoyens doivent se poser de plus en plus de questions par rapport à ces deux sorties intervenues à quelques jours d'intervalle, environ une semaine après l'installation du nouveau gouvernement et moins d'un mois après les législatives et le triomphe du FLN, assurant, peut-être, un second mandat au Président Bouteflika. Ainsi, et même si personne ne l'a relevé, la «source autorisée» du MDN a apporté deux points nouveaux, d'une importance capitale, au débat concernant le poids réel de l'armée, mais aussi de celui des différentes institutions consacrées par la Constitution. Cette source reconnaît qu'elle «se trouve, plus ou moins, derrière l'élection du Président Bouteflika». Une première. Pis encore, cette «source autorisée» est venue, pour la première fois, attaquer frontalement le Président de la République en indiquant que «le choix de l'armée n'était pas judicieux», mais aussi que «l'action et le discours du chef de l'Etat sapent le moral des troupes et, donc, se trouvent derrière la recrudescence terroriste actuelle». Cette sortie, dans laquelle la «source» tente même de coller au Président, et à lui seul, la concorde, avant de démentir l'existence de l'accord ANP-AIS, pourtant publié par un journal algérien sans recevoir le moindre démenti, semble accuser le Président, en prenant à témoin les puissants de ce monde touchés par les attentats du 11 septembre, de vouloir jeter le pays dans les bras de l'intégrisme islamiste. Une sortie qui peut, en outre, constituer une réponse plus ou moins directe aux nombreux appels au putsch lancés par des «démocrates républicains», toujours sous le couvert des nouveaux rapports de force intervenus à la «faveur» des attentats commis contre les Twin Towers et le Pentagone. Cette sortie revêt un caractère grave, puisqu'elle met aux prises, presque officiellement, le chef de l'Etat avec la haute hiérarchie de l'institution militaire. Un phénomène inédit, jamais observé depuis l'accession de notre pays à son indépendance. Cela, il faut le souligner, peut tout aussi bien signifier la chose et son contraire. A savoir, soit une accélération dans la décantation vers la démocratie, soit un nouveau pic de la crise institutionnelle très grave que subit le pays depuis octobre 88. Curieusement, c'est au moment où les choses revenaient au calme qu'est intervenue la sortie du général de corps d'armée, Mohamed Lamari. Sa sortie pose un problème de taille, celui du choix des lecteurs. Au lieu de s'adresser à n'importe quel média national, voire à la revue El-Djeïch ou même à notre agence de presse officielle, il a préféré se «confier» à un hebdomadaire inconnu de presque tous, si bien que cette sortie aurait fort bien pu demeurer ignorée de l'opinion nationale, n'était la reprise, in extremis, de l'entretien par la télé, l'APS et El-Moudjahid. Du point de vue de la forme, donc, tout porte à croire que la sortie du général-major Mohamed Lamari aurait surtout été destinée à l'opinion internationale, plus précisément aux grandes puissances de cette planète comme, du reste, en témoigne le contenu fort intéressant de l'entretien accordé à l'hebdomadaire libanais paraissant à Londres, El-Mouchahid Essiyassi. Dans sa sortie, en effet, Lamari donne l'impression de vouloir rassurer l'opinion internationale, avec les soutiens y afférents, mais aussi les investissements escomptés dans le plus proche avenir. Cela, en précisant que «la mission de l'ANP consiste en la défense de la patrie». En d'autres termes, l'armée, «se borne à respecter scrupuleusement ses missions constitutionnelles». Démentant catégoriquement la «source autorisée» (par qui et pourquoi?) Lamari ajoute que «le MDN n'a pas toute latitude de juger le Président», et que «seul le peuple, qui l'a élu, est apte à le faire». La sortie, en outre, revient sur la cohésion de l'institution, mais aussi sur la fausseté des rumeurs faisant état de clans inféodés à des puissances étrangères. Cette remise des pendules à l'heure replace, au passage, l'institution présidentielle à ses justes proportions, avec un Bouteflika qui a toujours refusé d'être «un trois quarts de Président». En tout état de cause, les deux sorties «militaires» trouveront sans doute des explications plus éloquentes et plus claires dans les événements qui ne manqueront pas de suivre dans les prochains mois ou semaines.