Les bombardements américains continuent de faire des dégâts parmi les civils. Des délégations du ministère de l'Intérieur, de l'ONU et de l'armée américaine sont sur place pour enquêter. Plus de 100 personnes, parmi lesquelles une majorité de civils, dont des femmes et des enfants, ont été tuées selon les autorités locales lundi dans l'ouest de l'Afghanistan dans des combats et bombardements des forces américaines, qui ont ouvert une enquête. De violents combats opposant des talibans aux forces afghanes et internationales ont éclaté lundi dans le district de Bala Buluk de la province de Farah, où les insurgés sont bien implantés, provoquant des frappes aériennes américaines. «Je me suis rendu à Farah. Au cours des combats et des bombardements, plus de 100 personnes ont été tuées. Parmi elles figurent de 25 à 30 taliban et les autres sont des civils, parmi lesquels des femmes et des enfants», a expliqué hier Abdul Rauf Ahmadi, porte-parole de la police afghane dans l'ouest du pays. Dans la matinée, le chef de la police de la province, Abdul Ghafar Watandar, avait assuré avoir vu les cadavres de 30 civils apportés en camion par des villageois. Des délégations du ministère de l'Intérieur, de l'ONU et de l'armée américaine se sont rendues sur place pour enquêter, a-t-il précisé. Pour sa part, une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué que plusieurs dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, avaient été tuées à Bala Buluk. «Notre équipe a vu mardi sur place les corps de dizaines de personnes tuées, parmi lesquelles des femmes et des enfants. La plupart des maisons de la zone visée ont été réduites en ruines», a déclaré cette porte-parole, Jessica Barry. «L'un de nos collègues du Croissant-Rouge afghan local a péri dans les bombardements, de même que 13 membres de sa famille», a-t-elle poursuivi. Le président afghan Hamid Karzaï, en visite à Washington, a ordonné hier l'ouverture d'une enquête et promis d'évoquer le sujet avec le président américain Barack Obama qu'il devait rencontrer dans la journée lors d'un mini-sommet associant également le président pakistanais Asif Ali Zardari. De son côté, l'armée américaine a annoncé mardi soir l'ouverture d'une enquête conjointe avec les autorités afghanes. Le gouverneur de Farah, Rohul Amin, n'était pas en mesure de confirmer le nombre de victimes. «La zone bombardée est sous le contrôle des taliban et nous ne sommes pas capables d'en savoir plus pour le moment», a-t-il déclaré. Dans un premier temps, le gouverneur avait annoncé qu'une trentaine d'insurgés ainsi que des civils avaient été tués. Une élue du conseil provincial de Farah, Balqis Roshan, a affirmé que plus de 150 civils avaient été tués dans les combats et bombardements. Il n'était pas possible de vérifier ces bilans de source indépendante. Les affrontements ont été déclenchés par une attaque menée par des insurgés contre deux villages, et au cours de laquelle ces derniers ont tué trois policiers et assassiné trois civils accusés de travailler pour le gouvernement, provoquant l'intervention des forces afghanes et américaines. «Les taliban utilisaient des maisons de civils comme abris, à partir desquelles ils tiraient» sur les forces régulières, a indiqué le gouverneur. «Selon les informations dont nous disposons, certaines maisons ont malheureusement été touchées lors des raids aériens, causant des pertes civiles», a-t-il ajouté.