Il deviendra officiellement président samedi lors de son investiture à Pretoria, la capitale administrative. Quelque 5000 personnalités sont attendues. Le chef populaire et populiste de l'ANC, a été élu hier président de l'Afrique du Sud par le Parlement élu le 22 avril à l'issue d'une campagne axée sur la lutte contre la pauvreté. L'ANC, au pouvoir depuis la fin du régime d'apartheid en 1994, y dispose d'une confortable majorité avec 65,9% des sièges. Le controversé Jacob Zuma, candidat de l'ANC à la présidentielle organisée au suffrage universel indirect, devient le quatrième président de l'Afrique du Sud post-apartheid. Dans la matinée, le nouveau Parlement a ouvert sa première session, en entonnant l'hymne national. Les 400 députés, dont le futur président, ont ensuite commencé à prêter serment par petit groupe. Politiquement mort en 2005, après avoir été limogé de son poste de vice-président, M.Zuma tient ici sa revanche. A 67 ans, il revient la tête haute au Parlement, qu'il avait quitté en 2005 lorsque le chef de l'Etat Thabo Mbeki l'avait congédié de la vice-présidence, après la condamnation pour corruption de son conseiller financier Schabir Shaik. Il a aussi survécu à un procès pour viol, où il a été acquitté, et à des années d'enquête pour corruption, une accusation levée juste avant les élections générales. Ce tribun polygame tient sa force d'un soutien populaire jusque-là inébranlable. Il deviendra officiellement président samedi lors de son investiture à Pretoria, la capitale administrative. Quelque 5000 personnalités sont attendues. M.Zuma va succéder à Kgalema Motlanthe, le vice-président de l'ANC qui assure l'intérim depuis septembre après la démission forcée de Thabo Mbeki. Jacob Zuma devrait annoncer dès dimanche la composition de son gouvernement, qui tentera de répondre aux énormes attentes des électeurs en termes de services publics et de lutte contre la pauvreté. 43% des 48,5 millions de Sud-Africains vivent avec moins de 2 dollars par jour, et le taux de chômage frôle les 40%. La tâche s'annonce ardue. M.Zuma débute son mandat de cinq ans alors que la première économie du continent devrait entrer en récession pour la première fois depuis dix-sept ans. Quelque 208.000 Sud-Africains ont perdu leur emploi au cours du premier trimestre. Le nouveau président devrait injecter du sang neuf dans son gouvernement mais conserver le ministre des Finances sortant, Trevor Manuel, en poste depuis 13 ans et chouchou du milieu des affaires, à la direction d'un nouvel organisme chargé de surveiller les performances des ministres. Les principaux alliés de M.Zuma, les syndicats et le Parti communiste, réclament en outre leur part du gâteau après avoir soutenu le chef de l'ANC. «Les nominations devront refléter la volonté d'une partie de l'ANC de renforcer les services publics» particulièrement déficients dans les townships, estime l'analyste politique Aubrey Matshiqi. Le futur président sera aussi confronté à une opposition qui s'est renforcée lors des dernières élections: son parti a perdu 15 sièges au Parlement, tandis qu'une formation créée en décembre par des dissidents de l'ANC, le Congrès du peuple (Cope), a décroché 30 sièges, et l'Alliance démocratique (DA), la deuxième formation du pays, a gagné 17 députés.