Quoique l'on s'accorde sur l'urgence de trouver une issue au contentieux israélo-palestinien, d'aucuns estiment cependant que cette réunion arrive un «peu tôt» pour l'administration américaine. L'urgence de parvenir enfin à la paix au Proche-Orient et la nécessité d'une action diplomatique vigoureuse à cette fin devraient être affirmées aujourd'hui par le Conseil de sécurité de l'ONU lors d'une réunion au niveau ministériel à l'initiative de Moscou. Selon son ambassadeur, Vitaly Tchourkine, la Russie veut profiter de son tour ce mois-ci à la présidence tournante du Conseil pour «donner par l'intermédiaire de l'ONU un nouvel élan au processus de paix» dans la région, processus dans l'impasse depuis des mois. Procédure peu habituelle, la réunion, qui consistera en un débat public, sera réservée aux quinze Etats membres du Conseil et au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, excluant donc une participation de représentants israélien ou palestinien. Présidé par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le débat rassemblera notamment les chefs de la diplomatie britannique et français, David Miliband et Bernard Kouchner, le nouveau ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu et leurs homologues autrichien et costaricien. La Chine sera représentée par un vice-ministre et les Etats-Unis par leur ambassadrice à l'ONU Susan Rice, qui a rang ministériel, et non par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Selon un diplomate occidental, cette réunion arrive «un peu tôt» car la nouvelle administration américaine n'a pas encore arrêté les détails de sa politique proche-orientale. «L'élaboration de la politique américaine au Proche-Orient va dépendre d'abord de la visite à Washington de M.Netanyahu, puis de celles d'autres dirigeants de la région dans les deux à trois semaines qui suivront. Cette réunion du Conseil de sécurité vient donc un peu tôt pour espérer des positions nouvelles de la part des Américains», a dit ce diplomate, sous couvert de l'anonymat. Le président américain Barack Obama a fait de la résolution du problème israélo-palestinien l'une de ses hautes priorités en matière de politique étrangère et répète inlassablement qu'une résolution du conflit passe par la création d'un Etat palestinien. Mais le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a jusqu'ici écarté la création d'un tel Etat et insiste sur la nécessité de concentrer les efforts sur le renforcement de l'économie en Cisjordanie, avant d'engager des négociations concernant un accord sur un statut définitif. M.Obama a pris l'initiative, qualifiée de «courageuse» par la Russie, d'inviter aux Etats-Unis M.Netanyahu, le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le président égyptien, Hosni Moubarak. Ces visites doivent se dérouler dans les semaines qui viennent. Dans ce contexte, la Russie vise donc à obtenir une déclaration consensuelle du Conseil de sécurité qui réaffirmerait certains principes de base, notamment la solution des deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Elle a fait circuler un projet de texte qui souligne «l'urgence» de parvenir à un règlement sur cette base et la nécessité d'une «action diplomatique vigoureuse» pour y parvenir. Selon les diplomates, ce texte ne faisait pas encore consensus vendredi soir entre les quinze membres du Conseil.