Depuis quelque temps, les secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique sont en pleine crise. Crise financière, flambée des prix des matériaux de construction. Ces derniers n'ont pas échappé au tumulte économique. Ils n'échappent pas également aux entraves administrative, bancaire et fiscale induites par la non-application des textes de révision du Code des marchés publics. C'est ce qu'ont indiqué la plupart des participants à la conférence sur les marchés publics et la concurrence organisée au centre de presse d'El Moudjahid. «Nous avons de bonnes lois et une bonne réglementation, mais c'est au niveau de l'application qu'il y a problème», a indiqué dans ce sens Zaïm Ben Sassi, président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME. Il explique qu'«il y a eu en 2003 une instruction donnant la priorité aux entreprises nationales; elle a été renouvelée pour inciter à donner la préférence à l'entrepreneur algérien dans le marché public (...). Je sais que dans tous les cas la concurrence existe (...) mais aujourd'hui on fait un constat: c'est que les firmes étrangères en Algérie ne ramènent pas d'équipements, donc l'impact interne est insuffisant». Le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb) Gasmi Salim a indiqué de son côté qu' «il y a énormément d'insuffisances dans le Code des marchés publics». Ces dernières sont liées, selon lui, aux problèmes de production et d'approvisionnement en matériaux de construction mais aussi et surtout au manque de transparence dans l'émission des appels d'offres et le traitement des offres soumises. Il a indiqué à ce sujet: «Il y a beaucoup de problèmes auxquels font face les entrepreneurs, il y a le problème des offres qui sont valables 180 jours, le soumissionnaire doit rester pieds et mains liés pendant six mois sans rien faire, aucun autre projet en attendant la fin de ce délai, (...) c'est trop, il faut le raccourcir.» Il a ajouté: «Il y a aussi la publicité dans les journaux pour les appels d'offres, les grands entrepreneurs qui prennent tous les marchés et qui ne laissent pas les petits entrepreneurs démarrer». Partageant le même avis, la représentante du ministère des Ressources en eau, Mlle Hamdaoui, a indiqué: «Nous avons à notre niveau un budget d'investissement de 1900 milliards de dinars à gérer, vous imaginez (...) et il y a bien sûr des entreprises qui prennent tous les marchés et qui n'arrivent même pas à les terminer.» Certains entrepreneurs déplorent les entraves rencontrées au niveau des banques et de la Cnas. D'autres, les lenteurs dans le règlement des situations financières, si ce n'est l'absence totale de paiement des factures. «Si vous vous amusez à demander ne serait-ce que des dommages moratoires à l'administration, vous êtes cuit, et vous ne travaillerez plus», a indiqué l'un d'entre eux, avant de souligner l'impact de ces entraves dans le secteur. «Je suis membre d'une association d'entrepreneurs à Boumerdès, il y a des entrepreneurs qui ont travaillé sur les chantiers après le séisme et même les inondations de Bab El Oued et qui attendent toujours d'être payés». Et d'ajouter, «suite à cela et après avoir été une cinquantaine, nous ne sommes plus que deux à exercer dans le domaine. Tous les autres ont changé d'activité».