Le Quai d'Orsay proclame haut et fort que Sophie doit impérativement revenir à son père Jacques Scharbook, car elle est française et doit grandir auprès des siens. Sur ce point, Me Benbraham, avocate de la famille Belhoucine, soutient que Safia – et non Sophie – n'a jamais été la fille du Français. “Le test ADN prouve la légitimité du père biologique.” Me Benbraham et la tante de la petite fille se sont rendues au siège de la rédaction pour faire quelques “révélations” sur cette affaire, munies de documents officiels. Le 22 novembre 2007, la grand-mère écrit à l'ambassadeur M. Bajolet, lui demandant d'agir en vue de réaliser un test ADN. La réponse du diplomate est catégorique : “je vous précise qu'il n'appartient pas à cette ambassade d'ordonner ce type de mesure qui n'aurait, d'ailleurs, pour seul but que de faire obstacle à l'exécution de décisions de justice définitives.” L'avocate a commenté ce document en affirmant que “faire obstacle” veut dire, ici, “révéler la véritable identité du géniteur qui n'est autre que Y. M.” Les preuves de la paternité de l'ex-mari algérien sont fort nombreuses, selon Me Benbraham, se basant sur la durée du mariage et le temps de la conception. “Un enfant ne se fait pas en un jour”, a-t-elle dit. Entre autres, elle a en sa possession le certificat de mariage de Jacques avec Khadidja qui a duré seulement 72 jours : du 22 septembre 2001 jusqu'au 11 décembre de cette année. On peut lire aussi sur l'extrait de l'acte de mariage établi en France que “les futurs conjoints ont déclaré qu'il n'y a pas eu de contrat avant celui-ci”. Alors que Scharbook avait déclaré qu'il s'était marié avec Khadidja d'abord en Algérie. Sur ce point, Me Benbraham se montre outrée : “comment auraient-ils pu concevoir un enfant alors qu'elle a accouché trois mois après.” Le français, comme l'appellent la tante et l'avocate, avait “falsifié un acte de mariage en se faisant passer pour Farouk Scharbook, fait chez un imam le 2 novembre 2005”, selon les dires de l'avocate. Mais une attestation du consulat de France en Algérie, datée du 30 avril 2006, “prouve le contraire”. On peut lire dans ce document : “Mme Belhoucine a obtenu de mes services un visa de court séjour délivré le 9 mai 2001. Son séjour était pris en charge par M. Jacques Scharbook.” Une preuve de plus qu'ils n'étaient pas mariés en Algérie. Une telle notification montre que les déclarations de cet homme ne sont pas fondées. Me Benbraham ajoute que “les autorités françaises sont très regardantes s'agissant de lois. Elles ne laisseront jamais un détail de cette envergure passer inaperçu”. Ces preuves avancées éliminent tous les doutes sur la paternité de Y. M. Une guerre sans merci était engagée entre Y. M. et Scharbook. L'enfant est inscrit en France au nom de Scharbook. Mais Y. M. veut lui donner son nom. D'après l'avocate, “le 15 avril 2006, le président de la cour avait délivré une ordonnance pour le test ADN, mais l'avocat de Scharbook l'avait contestée. Du coup, l'ordonnance a été annulée”. Le français est allé plus loin en “remettant en cause le mariage de Y. M. avec B. Khadidja. Ils ont été mariés pendant trois ans et l'acte le prouve”, ajoute-t-elle. Selon l'avocate, Jacques Scharbook avait “tout planifié” pour avoir la petite. “Il n'a pas d'enfant et il veut prendre la petite fille. Il est bien épaulé pour réussir son projet”, affirme encore Me Benbraham. Selon l'avocate et la sœur de la défunte, “Khadidja avait divorcé en étant enceinte, mais son ex-mari lui avait demandé de mettre un terme à sa grossesse, avant qu'il ne parte en France”. Ce que la mère ne fera pas. La tante de Sophie souligne que sa sœur “ne voulait aucunement avoir la nationalité française. Elle voulait seulement un avenir sûr pour sa fille”. La Cour suprême avait ordonné en 2008 la remise de l'enfant au français. Alors que “tout prouve qu'elle appartient à Y. M.” “Mais ce qui me désole, c'est que nous avons été obligés de prouver la paternité de Y. M., alors que c'était au français de subir les tests.” Cette affaire est sans doute promise à prendre de plus grandes proportions. En effet, Me Benbraham annonce qu'“elle va transférer cette affaire à la Cour européenne”. En attendant le verdict de ce 17 mai, la petite Sophie, à en croire l'avocate, est en sécurité et attend de retrouver son vrai foyer auprès des siens.