Cette taxe ne profite, selon l'Association nationale des aviculteurs, qu'aux importateurs de matières premières. Fragilisée par l'exiguïté des exploitations, l'absence ou l'insuffisance de la régulation et la vulnérabilité aux fluctuations des prix mondiaux des matières premières, «l'aviculture ne peut avancer que si elle est intégrée». Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, qui s'est exprimé lors d'une conférence-débat organisée en marge du 9e Salon international de la production et santé animales (Sipsa), en est bien conscient. Une telle intégration ne peut avoir lieu sans l'existence d'une politique efficace de gestion. L'amélioration d'une productivité déficitaire, une baisse de 40% enregistrée ces dernières années, est l'une des questions lancinantes auxquelles le département de l'Agriculture doit accorder de l'importance pour sauver la filière avicole. Après avoir rappelé que l'objectif de l'Etat, à travers les différents dispositifs de soutien à cette filière, était de libérer tous les moyens et les compétences de chacun des acteurs, l'orateur a souligné que le problème de l'aviculture «est l'organisation et non la technicité ou l'argent». Concernant l'aspect pécuniaire, le ministre a rappelé à maintes reprises que l'argent est disponible, à la seule condition que les résultats soient positifs. Dans son intervention le Dr Benaïssa a appelé à la réhabilitation du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (Cnifav). «Ce conseil a vraiment besoin d'être redynamisé et c'est vous (les professionnels) qui allez l'organiser», précise-t-il. Et d'ajouter que tous les acteurs «doivent travailler dans ce sens». S'agissant des recommandations sorties des débats, figure en premier lieu l'étude des possibilités de substitution de l'aliment importé par des produits fabriqués localement. Les professionnels ont soulevé également la problématique de la hausse de la TVA sur l'aliment produit localement ainsi que sur les produits avicoles en général. Unanimes, ils ont rejoint les propos du président de l'Association nationale des aviculteurs, M.Mezouane, qui a affirmé qu'un volume de 90% de l'aliment destiné au cheptel de la filière avicole est issu de l'importation. Et de faire savoir que 2 millions de tonnes de maïs et plus de 500.000 t de soja ont été importées pour les besoins de l'alimentation du cheptel de l'aviculture. La production actuelle de la filière avicole varie entre 340.000 à 400.000 t par an, soit une moyenne annuelle de 10 à 11 kg/habitant. La filière produit aussi 5 milliards d'oeufs par an, soit une moyenne annuelle de 150 oeufs par habitant. «Pendant que d'autres filières bénéficient de plusieurs subventions, les aviculteurs, eux, continuent à payer 17% de TVA sur l'aliment, les produits vétérinaires et le cheptel», a dénoncé le président de l'association nationale des aviculteurs. Dans cette même optique, les spécialistes présents lors du Salon international ont, de leur côté, appelé le ministre à supprimer cette taxe (17%), qui profite, selon eux, aux importateurs des matières premières exonérées de TVA. L'autre problème, qui «pénalise» la filière, est le marché informel qui accapare, selon certains producteurs, 80% du marché national. La prolifération de ce phénomène est due, d'après eux, à la hausse des taxes. Beaucoup reste à faire par le département de l'Agriculture en dépit du travail qui se fait au quotidien.