Les autorités libyennes ne semblent pas pressées de remettre les 56 détenus algériens. Malgré l'accord officiel passé l'année dernière entre les autorités des deux pays, les Libyens traînent les pieds et les Algériens ne savent plus comment procéder avec ces derniers. L'accord conclu au plus haut niveau porte sur le transfert en Algérie de «tous les détenus algériens y compris les huit condamnés à mort», révèle Me Ksentini. Selon lui, «certains détenus algériens risquent d'avoir la main tranchée» si les autorités politiques «n'agissent pas rapidement». La majorité des détenus sont poursuivis «pour des délits liés au trafic de drogue ou pour des vols», affirme le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, Me Ksentini, joint hier par téléphone. Celui-ci ajoutera que la lenteur prise dans l'exécution de cet accord est due au fait que «les Libyens sont difficiles dans la négociation». A la question de savoir si une issue est proche pour ces détenus qui «sont bien représentés par leurs avocats», selon les dires de Me Ksentini, il répondra par la négative, estimant qu'on «ne peut attendre indéfiniment». Selon lui, seule une action d'envergure et à un haut niveau politique peut «débloquer la situation», estime-t-il. Le premier responsable de la Cncppdh a également évoqué le cas des 17 Algériens détenus à Guantanamo et qui redoutent une éventuelle expulsion en Algérie. «Ces Algériens de Guantanamo n'ont rien à craindre s'ils décident de revenir dans leur pays natal. Ils ne sont pas poursuivis ici, en Algérie, et ils ont été innocentés là-bas. Alors pourquoi craignent-ils ce retour? Ils seront accueillis comme n'importe quel commun des mortels. Simplement, la justice algérienne va ouvrir un dossier mais ils seront en liberté provisoire comme ce fut le cas pour les deux autres détenus qui sont revenus en Algérie voici six mois. Ils ne sont nullement inquiétés.» Me Ksentini dira ensuite que mis à part ces deux dossiers (détenus de Libye et de Guantanamo), aucun Algérien n'est détenu ailleurs que ce soit en Europe, en Afrique ou en Asie. «Je n'ai pas pour l'instant la moindre information concernant un ressortissant algérien fait prisonnier ailleurs», conclut-il. Par ailleurs, l'Algérien Lakhdar Boumediene, 42 ans, innocenté par la justice américaine, est arrivé hier soir en France où il a été immédiatement admis à l'hôpital militaire de Clamart pour y passer des examens médicaux. Cet Algérien de 42 ans a passé sept ans à la base américaine de Cuba. La France avait annoncé qu'il rejoindrait en homme libre l'Hexagone, où il a de la famille. Sa femme et ses deux filles de 9 et 13 ans, restées en Algérie, pourraient le retrouver. Arrêté avec cinq autres Algériens fin 2001 alors qu'il vivait en Bosnie, Lakhdar Boumediene était soupçonné de fomenter un attentat contre l'ambassade américaine de Sarajevo. Le quadragénaire a été parmi les premiers prisonniers à avoir été transférés au centre de détention de Guantanamo.