Le baril de «Light Sweet Crude» a chuté de 2,28 dollars, clôturant la semaine à 56,34 dollars à New York. Dans son dernier rapport mensuel publié mercredi, l'Organisation des pays exportateurs a montré de sérieux signes d'inquiétude concernant les prix du pétrole. «Des risques considérables demeurent car les fondamentaux du marché pétrolier sont loin d'être équilibrés en raison de la baisse constante de la demande et d'une surproduction croissante». L'Opep a de nouveau revu à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole brut pour l'année 2009. Un recul de l'ordre de 1,8% en raison de la récession mondiale qui semble prendre une ampleur inégalée en Europe et particulièrement en France où des centaines de milliers d'emplois sont menacés, tandis que paradoxalement des signes de reprise pointent le bout de leur nez aux Etats-Unis, là même où la crise financière internationale avait pris racines. Le rapport de l'Opep indique que la demande mondiale devrait se contracter de 1,57 million, de barils par jour au cours de l'année 2009, passant ainsi de 85,59 millions en 2008 à 84,03 millions de barils à l'heure actuelle. «La nouvelle révision à la baisse du produit intérieur brut mondial a conduit à un nouvel abaissement de la prévision de la demande mondiale de pétrole de 0,2 mbj, principalement à cause des Amériques», indiquent les experts du Cartel. L'Opep a par ailleurs, fait remarquer l'importance des stocks commerciaux des pays de l'Ocde qui ont atteint un «niveau très élevé». Une conséquence directe des stocks américains qui se sont élevés à 1,087 milliard de barils au mois d'avril 2009. Leur plus haut niveau depuis 20 ans. Dans son rapport publié le même jour, l'AIE, l'agence internationale de l'énergie a abouti au même constat, au même verdict. «Le baril de pétrole a divorcé de la réalité du marché», ont jugé les analystes de l'AIE. Le marché américain et les Bourses d'actions sont les principaux facteurs qui dictent actuellement les oscillations imprimées au cours de l'or noir au détriment de la classique équation de l'offre et de la demande. L'or noir a-t-il défié les lois du marché? Les pays exportateurs de pétrole doivent-ils s'attendre et faire face d'ores et déjà à une nouvelle dégradation des prix du brut? «Les économies des pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient pourraient souffrir d'une récession prolongée en raison d'une baisse de la demande et des prix du brut», avait prévenu dans une note publiée il y a un peu plus d'une semaine le Fonds monétaire international à Dubaï. L'institution financière de Bretton Woods a relevé: «Le risque majeur pour les perspectives économiques et la possibilité d'une récession prolongée qui maintiendra une baisse de la demande des prix.» Le rapport du FMI concerne les six monarchies pétrolières du Golfe (Arabie Saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Oman, Qatar, Bahreïn) mais aussi d'autres pays, à l'instar de l'Algérie. Les économies des pays industrialisés, grosses consommatrices de pétrole sont toujours en état de léthargie et mises sous perfusion. Les cours de l'or noir semblent avoir été touchés par cette déprime: ils ont chuté de 2,28 dollars par rapport à leur cours de la séance précédente (jeudi) pour clôturer la semaine(vendredi) à 56,34 dollars à New York. «L'euphorie et la théorie d'une reprise de l'économie ont été passées au crible de la réalité», a fait remarquer John Kilduf de MF Global. La sévère récession qui sévit dans les pays de la zone euro, ainsi que la progression de la devise américaine, qui a évolué à moins de 1,35 euro vendredi, ont réussi à faire plier les cours de l'or noir. L'Opep qui doit se réunir le 28 mai prochain, à Vienne, en Autriche, est dans l'expectative.