Les citoyens de cette commune ont montré tout leur rejet de la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Ils parlent de corruption et de copinage en accusant leur P/APC. «Ils veulent revenir à 1991, ils veulent nous pousser au maquis», explose ce jeune homme devant le siège de l'APC de Bachdjarah où une centaine de citoyens était venue, hier, crier son indignation suite à la publication de la liste des bénéficiaires de logements à caractère social. Mercredi dernier, à 5h, aiment à le préciser les citoyens, la mairie a placardé les noms des 125 personnes qui ont bénéficié de ces logements. La colère des citoyens est motivée par le fait que, non seulement ce chiffre est loin des 8000 demandes de logements de la commune de Bachdjarah, mais aussi et surtout que la plupart des bénéficiaires ne cadrent pas du tout avec le profil des nécessiteux qui devraient bénéficier de cette formule de logement. «Nous demandons qu'une enquête soit ouverte sur ces attributions», nous dit cet autre citoyen avant de poursuivre: «Ce sont les gens de la tchippa qui ont bénéficié de ces logements, payez 40.000 DA et vous aurez votre logement, c'est simple!». Selon les dires des très nombreux citoyens qui se sont regroupés autour de nous, la plupart des noms sur la liste de l'APC sont ceux de commerçants et de personnes bien lotis, dont une partie possède même des villas. «Alors que les sinistrés, les victimes du terrorisme, les gens qui habitent dans des caves, sont oubliés», ajoute une autre personne. Dans cette fameuse liste, les citoyens désignent les noms d'un émigré, d'une proche du P/APC et même d'une personne qui serait décédée... Une femme vient nous «crier» les noms des membres de la commission de logement au sein de l'APC dont l'un d'eux lui a proposé une rachwa, un pot-de-vin contre l'acquisition d'un logement à caractère social. Un article de presse ne pourrait contenir toutes les doléances de tous ces citoyens qui sont venus à nous pour exposer dans un langage cru toute leur misère et l'étendu de leur détresse. Mais nous tenons notre parole en vous rapportant ceci: «Nous demandons à Dieu Allah Tout-Puissant de nous éclairer dans notre nuit, que la flamme d'une bougie brille dans ces ténèbres.» Dans l'état actuel de la gestion de nos communes, seule une prière pourrait venir à bout de toute cette gabegie.