C'est du moins l'impression qui ressort après un premier contact mi-figue, mi-raisin, où l'Israélien est venu avec l'esprit d'imposer son diktat au locataire de la Maison-Blanche. La presse israélienne est longuement revenue hier sur une rencontre qui n'a pas répondu aux espoirs des Israéliens, alors que beaucoup d'analystes et hommes politiques imputent à Netanyahu ce qu'ils ont qualifié «d'échec». Le politologue et éditorialiste israélien, Akiva Eldar, longtemps en poste dans la capitale fédérale américaine pour le journal Haaretz, qui a ainsi commenté cette entrevue, indiquant «Je n'ai jamais vu une rencontre officielle à Washington à l'issue de laquelle autant de divergences ont été publiquement exprimées». De son côté, le député de Kadima, parti centriste d'oppositio, Zeev Boïm, estime que M.Netanyahu a «échoué dans sa mission en manquant l'occasion de créer des liens de confiance avec le président américain». De fait, le Premier ministre israélien a, dès l'abord, annoncé la couleur, ne laissant aucune marge de manoeuvre au président américain en affirmant, d'emblée, son opposition à la formule de deux Etats (Palestine et Israël) vivant côte à côte, en réactivant les constructions de logements dans les colonies juives en Cisjordanie, en accélérant la judaïsation de Jérusalem-Est, outre le fait que Barack Obama a placé parmi ses priorités le dialogue avec l'Iran s'opposant ainsi frontalement à la politique belliqueuse du nouveau Premier ministre israélien dont l'objectif est justement d'attaquer les centrales nucléaires iraniennes. Benjamin Netanyahu s'est ainsi voulu offensif en ne laissant pas au président américain la possibilité de manoeuvrer pour concilier la politique étrangère qu'il veut mettre en pratique et la sécurité de l'Etat hébreu garantie par l'Etat fédéral américain. Toutefois, le Premier ministre israélien semble s'être heurté à quelqu'un de moins maniable que ne l'a été son prédécesseur, George W.Bush, qui a fait dire à d'aucuns qu'il (M.Bush) recevait ses ordres de Tel-Aviv pour tout ce qui touche au contentieux israélo-palestinien. En fait, Barack Obama n'a fait que redire à son interlocuteur israélien ce qu'il avait déjà déclaré à maintes reprises depuis sa prise de fonction officielle à la Maison-Blanche le 20 janvier dernier, selon quoi, la solution au conflit proche-oriental et la sécurité pour Israël, reposaient sur la vision de deux Etats, par la création d'un Etat palestinien indépendant. De fait, le président Obama a réitéré à son interlocuteur israélien le fait qu' «il est dans l'intérêt, je crois, non seulement des Palestiniens, mais aussi des Israéliens, des Etats-Unis et de la communauté internationale de parvenir à une solution à deux Etats», affirmant qu'Israéliens et Palestiniens devaient «prendre au sérieux (leurs) obligations» au regard des accords passés. En particulier, «la colonisation doit cesser», a insisté M.Obama qui ne veut pas se laisser manoeuvrer par Israël, comme cela a été longtemps le cas pour ses prédécesseurs. Cette politique est de fait aux antipodes de celle que préconise Netanyahu, selon lequel un Etat palestinien n'était pas une urgence et ne pouvait être envisagé dans un laps de temps déterminé se mettant en porte-à-faux de l'évolution qu'a connu au plan international le dossier proche-oriental lors des deux dernières années. Un Etat palestinien est devenu inéluctable et Israël en jouant les prolongations ne fait que retarder ce qui est inscrit dans la marche de l'Histoire. Ainsi, pour Benjamin Netanyahu, la création de l'Etat palestinien doit être renvoyée aux calendes grecques et tout axer sur la force pour amener les Palestiniens à composition quitte à leur octroyer quelques facilités au plan économique. Politique qui ne cadre plus avec celle envisagée par le nouveau président américain qui, en revanche, veut améliorer les relations des Etats-Unis avec le monde arabe et aussi avec l'Iran en étant plus à l'écoute de ces peuples qui, non seulement constituent 98% de la population du Moyen-Orient, sont aussi et surtout propriétaires des plus grands gisements de naphte de la planète. Aussi, la modération arabe toute transitoire, sinon leur faiblesse actuelle, peuvent ne plus être la vérité de demain. Selon toute apparence, contrairement, à George W.Bush, Barack Obama ne veut pas insulter l'avenir. Que les Etats-Unis aient des relations privilégiées et préférentielles avec Israël, c'est entendu, cela ne doit pas pour autant occulter les autres centres d'intérêt de l'Etat fédéral, et de bonnes relations avec le monde arabe entrent à l'évidence de plain-pied avec les intérêts bien compris des Etats-Unis. Cela, d'autant plus, que l'existence de la Palestine assurera plus sûrement et plus durablement la paix et la sécurité pour l'Etat hébreu, vérité que seuls les Israéliens refusent, paradoxalement, de voir. En tout état de cause on en saura un peu plus sur la politique moyen-orientale de Barack Obama lors du discours qu'il doit prononcer le 4 juin prochain au Caire.