Une plate-forme portant sur des solutions et des propositions sera transmise au gouvernement. Les fonctionnaires et salariés basculent de plus en plus nombreux vers les classes pauvres. C'est ce qui ressort d'une étude effectuée par la commission de la Fonction publique affiliée au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Celui-ci, rappelle-t-on, est fort de l'adhésion de dix-sept fédérations issues de plusieurs secteurs névralgiques du pays, entre autres, les collectivités locales, les travaux publics, la santé, l'éducation nationale, l'enseignement supérieur... Selon la même étude qui a touché 22.482 employés relevant de différents secteurs, «98% des travailleurs ne sont pas contents de leurs salaires», dira le président de la Fédération nationale de l'éducation, Laghlit Belamouri. L'information a été donnée au cours d'une conférence de presse tenue hier au siège du Snapap à Alger. «Pis encore, le fonctionnaire perd un quart (25%) de son salaire au profit des impôts», renchérit, de son côté, Ali Khemis, vice-président de l'Union nationale de la santé, également président de la cellule des études socioprofessionnelles des travailleurs. Ces derniers, soumis à cette étude, ont été recensés sur la base d'un questionnaire portant sur les dépenses en rapport avec le logement, l'électricité, le gaz, l'eau, la nourriture, les crédits, le transport... Mais il y a eu aussi une question portant sur l'activité de ces employés juste après la fin de leur travail. Résultat: «Au lieu de rentrer chez eux pour se reposer après une longue journée de labeur, les travailleurs se voient contraints de faire un deuxième job pour subvenir à leurs besoins.» Les dépenses augmentent plus vite que les salaires. «De ce fait, nos malheureux fonctionnaires se voient contraints de solliciter des crédits.», atteste M.Khemis. Et de poursuivre: «Le logement, l'électricité, l'eau, le gaz, les combustibles représentent ensemble la totalité des revenus des ménages.» Sous pression, les ménages à revenus faibles disposent d'une marge de manoeuvre très étroite. Chaque mois, ils doivent faire face à des dépenses dites de «contrainte». A cela s'ajoutent les dépenses de santé, de nourriture, de transport. Un phénomène qui est de plus en vogue: la majorité des jeunes épousent des femmes qui travaillent. Sur un autre registre, s'agissant des allocations familiales, supposées être un support pour répondre aux besoins des ménages, l'orateur estime que «79% des fonctionnaires ne bénéficient pas assez de ces allocations». Après ce tour d'horizon sur les déboires des travailleurs, le conférencier a précisé qu'«une plate-forme qui est actuellement au niveau du secrétariat national du Snapap, préconisant des solutions ainsi que des propositions sera transmise au gouvernement dans les jours à venir.» La plate-forme en question a été élaborée par les travailleurs recensés, eux-mêmes. Elle porte, entre autres, sur l'augmentation des salaires, l'augmentation de l'allocation de la femme au foyer de 800 DA à 2000 DA, et l'augmentation du salaire minimum garanti (Snmg) à 20.000 DA. Ladite plate-forme stipule également la création d'une banque spéciale pour les fonctionnaires afin de libérer des crédits ainsi qu'une allocation spéciale au profit des fonctionnaires du Sud. Sans omettre la revalorisation du point indiciaire de 45 DA à 60 DA. Le front social endure toujours et demeure noyé dans des problèmes socioprofessionnels. Interpellés par L'Expression quant aux dispositions qu'ils comptent prendre au cas où leurs doléances seraient ignorées des autorités compétentes, les représentants des travailleurs de la Fonction publique ont averti que la prochaine rentrée sociale risque d'être compromise.