Le quatrième homme de l'Etat a agi d'une manière passive, selon le président de la Fondation 8 Mai 45. La réaction de la France ne s'est pas fait attendre. «Un haut responsable nous apprend dans les colonnes d'un quotidien national que la repentance relève de l'utopie.» L'Expression: Indécents, provocants, inconscients. Vous n'avez pas lésiné sur les mots pour dénoncer les propos tenus par le président de l'Assemblée populaire nationale, M.Abdelaziz Ziari, à Paris, au sujet de la repentance de la France. Une polémique interne est née sur un dossier sur lequel un consensus semblait pourtant trouvé. Comment expliquez-vous ce dérapage? Boukherissa Kheireddine: Je ne partage pas votre opinion lorsque vous évoquez le mot polémique. Sur ce dossier la position de l'Algérie est très claire. Le peuple, les officiels, à leur tête le président de la République, exigent la repentance de la France. Pourquoi donc ce grave revirement? Qu'est-ce qui le motive? L'Algérie a besoin d'hommes qui relèvent notre honneur au niveau de la France. Ceux qui prennent des dispositions faibles ne rendent pas service à notre pays. Dans un communiqué rendu public samedi, la Chambre basse précise que M.Ziari a réitéré, lors des discussions tenues en France, les positions officielles de l'Algérie. Cela suppose que ces déclarations faites dépassent le stade de l'improvisation... Nous demandons à Ziari d'être précis sur ce point parce qu'il revêt une importance majeure. Etait-il délégué par le président de la République pour tenir ce discours? Si oui, nous sommes en mesure de demander des explications au président de la République... Vous êtes ici en train de saisir du dossier le premier magistrat du pays? Absolument, si M.Ziari persiste qu'il a parlé en France au nom de l'Algérie officielle. Sur ce point, j'ai beaucoup de doutes. Je comprend bien que le président de l'APN eut reçu des orientations de la part de M.Abdelaziz Bouteflika avant son déplacement. Je ne pense pas qu'il lui ait demandé de reléguer la question de la repentance au dernier rang. Le reste c'est une question de rédaction et sur ce chapitre, Ziari a beaucoup dévié de la ligne officielle. A l'occasion de la commémoration des événements du 8 mai 45, le Président a adressé un message au peuple dans lequel il dit clairement que nous allons combattre les discours glorifiant le passé colonial. Nous n'inventons rien. Nous suivons les discours des uns et des autres. Nous ne pensons pas que le président de la République ait changé de position. Ziari n'a certes pas eu des phrases fortes pour exiger de la France de se repentir, mais il a quand même dit que ce geste sera à l'honneur du peuple français et que tôt au tard le pas sera fait. Quand? Dans trois siècles? Ziari a tenu une position passive devant les parlementaires français, qui ont voté la loi du 23 février. Il doit comprendre qu'il est à la tête de l'APN. Une institution de l'Etat élue par le peuple. Il doit alors respecter les principes fondamentaux de cet Etat qui sont la Déclaration du 1er Novembre, le respect de la mémoire. Plus grave encore, le communiqué publié par son institution souligne que le dossier de la repentance n'a pas fait l'objet de discussions entre les deux commissions parlementaires. A quoi sert dans ce cas cette commission? Ziari, à mon sens, n'est pas parti pour France en vue de négocier des contrats d'armement ou des marchés commerciaux. Ce n'est pas son rôle, ni le rôle de la commission parlementaire d'amitié. Il est parti en homme politique pour débattre des questions politiques bilatérales au coeur desquelles s'impose le passé colonial de la France. Vous considérez la repentance comme un point d'achoppement dans les relations bilatérales. Ce n'est pas l'avis du quatrième homme de l'Etat... Plus qu'un point d'achoppement, la repentance pour nous est un préalable à toute relation forte et sereine. Nous sommes un Etat souverain et on doit agir de la sorte. Malheureusement, Ziari a donné un quitus à la France. Preuve en est la déclarations reprise aujourd'hui (Ndlr hier) par le quotidien national El Khabar et dans laquelle il affirme clairement que la repentance de la France pour les crimes commis en Algérie relève de l'utopie. Avez-vous contacté Ziari après son retour de France? Non, je n'ai rien à lui dire.