La fête était à son comble à Ibn Zeydoun, y compris à la salle Cosmos où était projeté en in live le concert. Fabuleux! Comme on l'attendait, beaucoup de monde s'est déplacé dimanche soir pour assister à l'ultime concert entrant dans le cadre du Mois culturel européen. Une clôture qui a vu se produire le groupe Gaâda Diwan Béchar dans un délire festif incroyable. A 14h, des jeunes étaient déjà là, prêts à faire la fête, munis de leur karkabou. Ils faisaient le concert à eux seuls, assis par terre. A 16h, ils étaient là encore agglutinés devant la salle Cosmos qui devait abriter la projection en in live du concert d'Ibn Zeydoun, avec Abdelati, Laoufi et Aïcha Lebgaâ. 18hh30, on ne plaisante plus! Des centaines de jeunes gens font les cent pas pour tenter de pénétrer à la salle Ibn Zeydoun, ou accolés à cette barrière en bois qui les sépare de cet antre magique. Si les femmes, quelques jeunes veinards et les enfants auront le droit et le privilège d'assister au spectacle dans les lieux mêmes du concert, beaucoup d'autres se sont vu, la mort dans l'âme, renvoyés à la salle Cosmos. Les portes d'Ibn Zeydoun sont quasiment scellées. Les agents de sécurité sont sur la sellette. En effet, une longue rangée de jeunes attendait dehors. Ils étaient des centaines! Mais l'attente en valait la peine. En forme, Abdelati nous le confiera avant de monter sur scène: «On est là ce soir pour faire la fête avec vous!» Celle-ci était à son comble tout au long de la soirée. Vers 20h, monte sur scène, presque inaperçue, Mme Laura Baeza, ambassadrice, chef de la délégation de la Commission européenne en Algérie pour annoncer la fin de cette belle «aventure qui a rassemblé 18 concerts de différents pays afin de traduire toute la diversité de la culture européenne». Un joli bouquet de fleurs et un bracelet lui sont offerts. La venue du groupe Gaâda Diwan de Béchar sème le feu dans la salle Ibn Zeydoun. «Hada Chaâl! Salam Alaïkoum ya ahl salam» déclare, tout de go Abdelati. Tonnerre d'applaudissements et de cris fusent dans la salle. Dib lghaba mayetreba première chanson entonnée, nouveau morceau dont la mesure est suivie fiévreusement. Suivront des titres très entraînants à l'instar de Amine Amine, Allah moulana amine qui finira par imposer ce rythme exalté et mystique propre à Gaâda. «On chante la paix, mais autour on peut broder et chanter indéfiniment jusqu'au matin» dira Abdelati. Un istikhbar puis c'est le fameux Sebhan lah sifna wela chetwa et Sidna, baba hamouda, tiré du patrimoine gnawi. Et d'expliquer encore à l'intention des étrangers dans la salle: «Hamouda est un personnage qui aime la vie. Vous êtes la preuve que le lien est fait.» Puis, il s'adressera à ceux qui sont en train de l'écouter dans la salle Cosmos. Un mot et une intention qui ont dû certainement les faire jubiler. Le duo Abdelati / Aïcha enchante aussi le public par un morceau des plus étonnants et aux paroles bien singulières: «Lichaf Aïcha ma yet'achâ, maysseli l'Icha» (celui qui voit Aïcha ne dîne pas et ne fait pas la prière du soir)... Les jeunes, en bas de la scène en transe, ne cessaient de danser, aidés par leur chevelure qui allaient dans tous les sens. Gaâda enchaîne avec Maghroum ma ejie enoum puis Achafie el afi. Ce soir le groupe invitera le public à apprécier les anciens mais aussi les nouveaux morceaux du prochain album qui tarde à sortir. «Par fainéantise» avoue Abdelati avec humour. La musique se fait entonnoir des sensations déchaînées de ces jeunes venus transpirer et repartir vidés de leurs forces. Le gumbri, la guitare, percussion et congas s'harmonisent parfaitement avec le son de la batterie et de...l'accordéon! Plus de deux heures de concert et voilà qu'il arrive à sa fin, non sans offrir au public ce qu'il n'avait cessé de demander: Cheikh ben Bouziane exécuté admirablement et chanté en choeur avec le public. Le Mois culturel a pris fin ainsi sous les couleurs vives de l'espérance et du déploiement des âmes.