Un Etat palestinien doit voir le jour à terme et Israël doit arrêter la colonisation dans les territoires palestiniens, a encore réitéré M.Obama. Le président américain, Barack Obama, est parti, mardi pour le Proche-Orient tendre la main aux musulmans et chercher le soutien arabe à l'entreprise de paix entre Israéliens et Palestiniens, une paix sans laquelle les problèmes de la région ne pourront être résolus selon lui. Le grand discours de réconciliation promis de longue date aux musulmans s'annonce comme le point d'orgue, aujourd'hui au Caire, de ce bref voyage dans la région, qui l'a conduit aussi chez l'allié saoudien hier. Mais l'effort engagé par M.Obama dès son investiture pour ranimer une diplomatie moribonde entre Israéliens et Palestiniens s'est imposé progressivement comme l'une des données du premier séjour du président M.Obama dans la région. Avec des gouvernements nouveaux à Washington et Jérusalem-Ouest, cet effort donne lieu à un conflit d'une force inattendue entre les intérêts des Etats-Unis et de leur ami historique, Israël. L'Arabie Saoudite, qui passe pouvoir jouer un rôle primordial dans la paix, attend de M.Obama qu'il rompe avec l'indulgence supposée de son prédécesseur, George W.Bush envers Israël. M.Obama a paru vouloir rassurer quant à sa fermeté lundi, lorsque il a affirmé à la radio NPR la nécessité d'être «honnête» avec Israël sur le fait que «la tendance actuelle, dans la région, est profondément négative, non seulement pour les intérêts israéliens, mais aussi pour les intérêts américains». Un Etat palestinien doit voir le jour à terme et Israël doit arrêter la colonisation dans les territoires palestiniens, a redit M.Obama, ce à quoi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se refuse d'adhérer. Un proche de M.Netanyahu, le ministre de l'Environnement, Gilad Erdan, a accusé M.Obama mardi, de ne pas s'en tenir aux ententes conclues avec son prédécesseur. Pour convaincre les Israéliens, M.Obama pourrait tenter, avec des chances réduites de succès selon les experts, d'obtenir du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah d'Arabie Saoudite des mesures concrètes signalant une volonté arabe de conciliation. Avec le roi Abdallah, M.Obama devrait aussi parler des activités nucléaires de l'Iran chiite, qui inquiètent l'Arabie et les autres pays de la région, et du pétrole. M.Obama a dit à NPR que résoudre le conflit israélo-palestinien était aussi une affaire de crédibilité américaine, durement éprouvée dans la région par la guerre en Irak, le scandale de la prison d'Abou Ghraïb, le camp de Guantanamo et les politiques antiterroristes de M.Bush. Aussi évoquera-t-il ce conflit dans son discours à l'université du Caire. Mais M.Obama, qui est chrétien mais a passé une partie de son enfance en Indonésie, le plus grand pays musulman au monde, y projettera plus généralement les valeurs américaines, à savoir «la démocratie, l'Etat de droit, la liberté d'expression et la liberté de religion», sans chercher à imposer ces valeurs à quiconque. Le Proche-Orient, passé le préjugé favorable, risque cependant de juger le nouveau président davantage à ses actes qu'à ses paroles, préviennent les experts. L'affaire s'annonce d'autant plus délicate que, si la puissance invitante du discours est un autre allié des Etats-Unis, l'Egypte est régulièrement montré du doigt pour ses pratiques antidémocratiques. Le porte-parole de M.Obama a reconnu mardi les limites de l'exercice. Le discours s'inscrit dans un effort de longue haleine, a dit Robert Gibbs: «Il s'agit de remettre à zéro nos relations avec le monde musulman (...) Nous ne nous attendons pas à ce que tout change après un seul discours». Après l'Egypte, M.Obama ralliera l'Europe pour visiter demain le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) et participer samedi au 65e anniversaire du Débarquement allié en Normandie.