«Il ne faut pas se voiler la face. La Concorde civile et la Réconciliation nationale ont des dispositions amnistiantes.» «Et après?», a fini par lâcher le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, aux journalistes qui l'interrogeaient sur une information parue dans la presse faisant état de l'intention du frère du président de la République, Saïd Bouteflika, de créer son parti politique. Avant cette phrase-clé, Ouyahia a émis trois précisions de taille: la première a trait à l'homogénéité de son parti. Ce dernier touche du bois. Il est parmi les rares formations politiques qui échappent au spectre de la dissidence. «Nous sommes harmonieux, stables. Notre mission étant de faire en sorte que cette homogénéité évolue», précise-t-il lors d'une conférence de presse organisée au terme de la tenue du conseil national à Zéralda. Ce n'est pas tout. Le patron du RND rappelle que «notre existence n'est pas dépendante d'une géométrie donnée de la scène politique nationale». En d'autres termes «l'existence du RND ne dépend pas d'un autre parti». Plus précisément, même si ce projet aboutissait, Ouyahia ne craint pas «une hémorragie au sein de sa formation». Enfin, le conférencier précise que «cette information existe plus sur les colonnes de la presse que dans la réalité». Une autre question sur laquelle M.Ouyahia ne semble pas tout dire. C'est celle relative à l'amnistie générale. A ce sujet, il a développé un discours nouveau. Il rappellera les bienfaits de la Rahma, de la Concorde civile et de la Réconciliation nationale. Il défend le principe que l'Etat doit en finir d'abord avec le terrorisme par les deux voies, politique et armée, mais apporte plusieurs mises au point. Tout d'abord, il souligne que le concept d'amnistie n'est jamais général dans la loi. «Il ne faut pas tenter de se voiler la face, la Concorde civile, et la Réconciliation nationale ont des dispositions amnistiantes.» Pour Ouyahia le débat omniprésent sur la scène politique a tout intérêt à être clarifié. Et selon les précisions du conférencier, l'amnistie quand elle sera décrétée, ne bénéficiera pas à tout le monde surtout pas, selon ses propos, «au jeune qui a tué son voisin, aux personnes qui ont détourné des milliards, aux terroristes qui ont brûlé ce pays.» Par ailleurs, le secrétaire général du RND a défendu l'amendement apporté au Code pénal en 97 pénalisant le délit de presse. Pour lui «cette loi a eu un effet dissuasif». Maintenant, rappelle-t-il «aucun journaliste n'est emprisonné à cause de ses écrits». Ouyahia, qui ne semble pas très convaincu par la démarche des députés du MSP qui ont proposé un amendement au Code pénal excluant les peines d'emprisonnement pour les journalistes, affirme que son parti ne fera pas de la politique avec cette question. Néanmoins, il «respectera l'avis de la majorité au Parlement s'il y a consensus sur ce projet». Justement, le conférencier a défendu dans sa résolution politique le concept de la démocratie consensuelle, défini par ses soins, «l'opportunité pour la classe politique et la société d'avoir des positions homogènes sur des questions d'intérêt national». Il citera les noms de M.Samraoui et Larbi Zitout, ex-diplomate, qu'il a qualifiés de «traîtres» puisqu'ils ont adopté des positions contre leur propre pays. Hier, le secrétaire général du RND a défendu M.Abdelaziz Ziari, président de l'APN, estimant que personne n'a le droit de douter de son nationalisme- faisant allusion à la polémique née à la suite de propos tenus au Parlement français sur la question de la repentance- Ouyahia évite de se lancer dans cette polémique. Très pragmatique, il rappellera qu'entre l'Algérie et la France «la relation est basée sur les intérêts économiques communs» En outre, le conférencier affirme que l'Algérie se dirige vers une économie de marché libérée des dogmes et tendue vers la compétitivité. Selon lui, «le partenariat et l'ouverture économique ne sauraient se limiter à un simple accaparement du marché algérien» défendant dans ce sens les dernières mesures prises par le gouvernement qui ont tendance à générer des résistances internes et externes. Sur le plan interne, Ouyahia cite le cas des importateurs du médicament qui veulent priver les Algériens des produits non fabriqués en Algérie en guise de contestation sur la régulation de ce marché. Il mettra en garde ces derniers et les «autres contre le fait que le gouvernement ne reculera pas. Parce que toute concession sera synonyme d'échec». Concernant le problème d'Arcelor Mittal, il s'interroge sur la réaction du partenaire algérien qui détient 30% du marché. Il conclura en affirmant que «l'immunité parlementaire tombe dans 3 ans et chaque responsable assumera ses responsabilités devant la justice».