« Il n'existe pas d'amnistie générale en droit. On amnistie un fait », c'est par cette sentence que le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a répondu aux interrogations des journalistes sur la position de son parti concernant la question d'amnistie générale, qui a été l'un des thèmes principaux de la campagne de Bouteflika pour la présidentielle du 9 avril dernier. Sans le dire clairement, Ouyahia semble s'opposer à une amnistie tous azimuts. « Si la République adopte une loi concernant une amnistie générale est-ce que cela veut dire qu'un individu, qui a volé des milliards, sera amnistié ? » « Cela veut-il dire que celui qui a commis un crime le sera également ? », s'est interrogé Ahmed Ouyahia, avant de répondre : « Il n'y a pas d'amnistie générale, il s'agit tout simplement d'un leitmotiv dans un discours politique et non dans les textes de lois. » Pour le SG du RND, la concorde civile et la charte pour la réconciliation nationale renferment des dispositions amnistiantes. Le conférencier a qualifié le débat autour de cette question « d'ésotérique » plus qu'un débat de « substance ». Le responsable du RND rappellera à « cet effet qu'il y a eu de par le passé une loi concernant l'amnistie générale et malheureusement, selon lui, des individus condamnés pour espionnage se sont retrouvés blanchis et libre ». Réfutant donc toute spéculation ou surenchère sur ce sujet, Ouyahia a noté que « nul ne peut démentir l'existence d'un front contre le terrorisme ». Il s'est réjouit, d'ailleurs, de voir des chefs de groupes terroristes, qui se sont rendus dans le cadre de la concorde civile et la charte pour la réconciliation nationale « condamner le terrorisme ». S'agit-il là d'une divergence ou mésentente en haut lieu autour de la question d'amnistie générale ? Ouyahia s'en défend en rappelant que l'idée d'une amnistie générale a été évoquée le 31 octobre 2004 par le président de la République. M. Bouteflika avait déclaré alors que « quels que soit les avis des uns et des autres sur la question de l'amnistie générale, celle-ci doit être tranchée par le peuple ». De l'avis d'Ouyahia, ce fut le départ d'un grand enthousiasme... Restant toujours dans le domaine du terrorisme, le chef du RND ne s'est pas empêché d'emprunter sa casquette de Premier ministre pour rappeler et condamner « les crimes terroristes, même isolés, dont sont victimes les citoyens en général ». Il dira que « la lutte antiterroriste reste de mise avec la porte ouverte aux égarés qui sauront se ressaisir ». La question des patriotes a été également évoquée par Ouyahia, qui s'est félicité, dans ce contexte, de la décision des pouvoirs publics consistant à améliorer leur situation et à réunir les conditions de leur réintégration sociale. Selon lui, « le parcours du pays en matière de réconciliation nationale est évolutif et de son point de vue, celle-ci n'a rien apporté de nouveau par rapport à la concorde civile, à l'exception de l'élargissement de son champ ». Le SG du RND estime sur un autre volet que « l'Etat a remis les pendules à l'heure et partant de ce fait, la démocratie ne peut se construire ni être défendue sur la base des interdits. Nous avons interdit les halakat au sein des mosquées, enlevé le manbar, mais nous n'allons pas interdire aux gens de se réunir dans un café ou près de la mosquée. Je crois que l'Algérie évolue dans le bon sens », pense le chef de l'Exécutif. S'agissant de ceux qui obstruent la démocratie, Ouyahia refuse de les insulter, ni de les critiquer, estimant que chacun est libre de ses comportements, comme il s'est retenu de s'étaler sur quelques excès lancés à son égard par certaines personnes. Cependant, il n'hésitera pas à fustiger ceux qui prônent le boycott, en se demandant si « cette démarche représentait un moyen d'opposition » ? Et de tirer à boulets rouges sur Samraoui et Zitout, qu'il a traités sans tergiversation de « traîtres » parce qu'ils développent une haine contre l'Algérie. Questionné sur la politique du médicament, Ouyahia a reconnu la guerre des lobbies qui gangrène ce secteur et a promis que le gouvernement va sévir. Il avoue, cependant, qu'il existe en matière de médicament un bras de fer et des intérêts monstres mais, selon lui, l'Etat est déterminé à faire face au chantage. Pour ce qui est du conflit au sein d'ArcelorMittal, Ouyahia estime que c'est là une question d'atteinte à la loi.