A chaque rencontre de ce genre, la ville des Roses baigne dans un climat insoutenable de peur des dérapages. Une atmosphère électrique et une tension à fleur de peau, difficilement contenues ont caractérisé, ces dernières 24 heures, la ville de Blida et les centaines de supporters venus en masse soutenir les Fennecs. Hier déjà, un important dispositif sécuritaire a pu être constaté sur différents axes desservant cette ville, mais aussi et surtout autour du stade Mustapha-Tchaker où se déroulera la rencontre. Pareille à une ville sur le pied de guerre, Blida est, comme lors de chaque événement de ce genre, sous haute surveillance. Des dizaines de barrages de la police et de la gendarmerie sont visibles un peu partout, rendant difficile l'accès à cette ville. Et pour cause. Le match qui opposera l'équipe nationale algérienne à sa rivale égyptienne dans le cadre des éliminatoires jumelées du Mondial et de la Coupe d'Afrique des Nations, est qualifié de match à hauts risques. En effet, cela est dû aux débordements, désormais de routine, qui suivent chaque match. Le comportement violent des supporters, adolescents et jeunes oisifs pour la plupart, est fortement contesté. Souvent, sous l'emprise de stupéfiants et munis d'armes blanches, de bâtons et de barres de fer, ces supporters d'un autre genre, une fois le match terminé, n'hésitent pas à s'en prendre à tout ce qu'ils rencontrent. Des simples citoyens, aux édifices publics en passant par les véhicules et les locaux commerciaux, rien n'est épargné. Tarik, jeune commerçant dans un quartier limitrophe au stade raconte: «Quel que soit le résultat du match, victoire ou défaite, c'est la même chose. A croire qu'une force démoniaque s'empare des supporters dès que l'arbitre siffle la fin de la partie. Je me vois obligé de baisser rideau une à deux journées avant de pareilles rencontres au risque d'être tabassé et de voir ma marchandise pillée.» Pis encore, les automobilistes ne savent plus à quel saint se vouer. Parquer leurs véhicules hors de la vue des supporters en furie est plus qu'urgent. «Lors de la dispute opposant le CABBA au CRB, le 21 mai dernier, ma voiture a été totalement endommagée à coups de pierre et de barres de fer. Je n'ai dû mon salut et celui de mes deux enfants qui m'accompagnaient, qu'à l'intervention de la police anti-émeute mobilisée pour l'occasion.» Ce citoyen s'est dit offusqué par la recrudescence de la violence lors de chaque match. Pour lui, ces violences ne sont commises que lors des rencontres footbalistiques. «Aucun acte violent n'est enregistré lors de rencontres dans d'autres disciplines telles que le volley, le hand ou le basket-ball», a-t-il souligné. Par ailleurs, et pour faire face à des débordements plus que probables, les autorités publiques ont pris un certain nombre de mesures. Des mesures qui, toutefois n'arrangent pas la majorité et pénalisent plutôt la plupart. Ainsi, la gare routière de Blida, située à proximité du stade Mustapha-Tchaker a été fermée au transport urbain hier avant midi. De ce fait, de nombreux voyageurs sont obligés de différer leurs déplacements jusqu'à ce que les supporters soient rentrés chez eux. Les ménagères, de leur côté, souffrent de cette forme de pénalisation car le marché, mitoyen au stade, fermera ses portes 24 heures avant le coup d'envoi de la rencontre. «Nous sommes des pères de familles et nous travaillons pour nourrir nos enfants. Cette sommation de fermer boutique nous est préjudiciable. Espèrons que le diktat des supporters ne dure pas longtemps», s'est indigné Mohammed, marchand de fruits et légumes au marché de Blida. Quant à Khalti Zohra, femme au foyer rencontrée hier, elle raconte: «Je suis obligée de faire mes provisions deux jours avant le match. Déjà que la plupart des commerçants ont plié leurs étals. Pour ce qui est des légumes et des fruits, on peut se les procurer avant. Le problème se pose pour le lait et le pain.» Par ailleurs, les supporters des Verts vivraient très mal un match nul ou une défaite de leur équipe, ce qui ouvrira toutes les brèches aux dérapages. Par contre, en cas de victoire, les familles blidéennes, à l'instar de beaucoup d'autres aux quatre coins du pays, se préparent à passer, aujourd'hui une nuit blanche marquée par les klaxons et le son des trompettes. Dès lors, elles se disent prêtes à supporter tous les bruits et le vacarme infernal soient-ils sauf la violence. En attendant, bon vent à nos Fennecs!