Plus qu'une année et le stress hydrique sera conjugué au passé. Le projet de transfert de l'eau potable de In Salah à Tamanrasset sera achevé au mois de mars de l'année prochaine. Ainsi, la capitale du Hoggar sera alimentée en eau potable, à raison de 50.000 m3/jour, au dernier trimestre de l'année 2010. Du moins, c'est ce qui ressort des déclarations faites, samedi dernier, par Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, au cours d'une visite d'inspection qu'il a effectuée en compagnie de Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales. En effet, Abdelmalek Sellal a indiqué qu'«à l'allure où avancent les travaux, ce projet, dont les travaux ont été entamés il y a un peu plus d'une année, devrait être finalisé d'ici la fin de l'exercice 2010». Plus explicite, Abdelmalek Sellal a précisé: «En matière de pose de canalisations, le taux d'avancement des ouvrages nous permet d'évoluer en deçà des délais préalablement arrêtés (36 mois pour l'achèvement de l'ensemble du projet). Pour ce qui est des champs de captage, les travaux sont terminés.» Cela dit, des lenteurs liées à la progression dans la construction des six stations de pompage que compte le projet ont été soulevées par le ministre. Pour mieux illustrer cet aspect, Abdelmalek Sellal n'a pas manqué de les qualifier de «point critique». Ces lenteurs sont liées, selon le ministre, à des difficultés inhérentes au «relief et au souci de préserver l'environnement». Citant à titre d'exemple le réservoir d'eau qu'abrite le mont Tilassi qui avoisine la ville de Tamanrasset, Abdelmalek Sellal a indiqué que c'est «pour ne pas porter atteinte à l'environnement». Pour rappel, l'ouvrage culmine à 1442 mètres d'altitude au coeur de la montagne. L'importance du projet est telle, qu'il permettra de faire sortir la région de Tamanrasset et ses environs d'une sécheresse qui dure depuis des lustres. Ces jours-ci, la ville de Tam et les régions limitrophes vivent une crise qui fait de l'eau une denrée rare, à telle enseigne que le liquide fait l'objet d'un commerce qui n'arrête pas de se développer. Sur ce plan, les témoignages recueillis auprès de quelques citoyens sont édifiants. Moulay Saïdou, réparateur de chaussures, atteste: «Ici (la ville de Tamanrasset) l'eau se vend à raison de 1000 DA pour 1000 litres. Pour nous, le transfert de l'eau de In Salah vers notre ville mettra fin à notre calvaire.» Les propos de Saïdou sont nuancés par un commerçant ayant requis l'anonymat. D'après ce dernier, «le prix de l'eau varie selon la pluviométrie. Ces derniers temps, nous faisons face à une sécheresse aiguë. Celle-ci constitue le facteur déterminant des prix de l'eau qui est arrêté, à l'heure où je vous parle (samedi dernier au crépuscule) à 1800 DA pour 3000 litres.» La divergence des deux versions sur les prix ne dément pas pour autant une triste réalité: la wilaya de Tamanrasset a soif. Au rythme où vont les choses, la région risque d'être réduite à une zone aride et sans vie. Comment faire face à cette situation? Pour relever un tel défi, il a fallu lancer les travaux de transfert de l'eau potable de In Salah à Tamanrasset sur une distance de 700 kilomètres. Entamé le 7 janvier 2008, le plus grand projet du genre dans le monde comprend la réalisation de 48 forages, la pose de 1258 km de conduite dont la majeure partie est installée en double. En outre, les travaux portent sur l'édification de 8 réservoirs, d'un réservoir de tête et 50.000 m3, d'un réservoir terminal de la même capacité, de 6 stations de pompage ainsi que d'une station de déminéralisation de 100.000 m3/jour. A toutes ces installations s'ajoute un réseau de collecte de 100 km. Conçu pour le transfert de 100.000 m3/jour d'eau à l'horizon 2040, le projet étanchera la soif de l'agglomération de Tamanrasset et de ses environs dès le dernier trimestre de l'année prochaine, et ce, à raison de 50.000 m3 par jour. «Aussi important soit-il, le défi est largement à notre portée», a estimé Abdelmalek Sellal. En guise de bilan provisoire, le ministre a expliqué: «Concernant les champs de captage, le premier champ qui développera 50 000m3/j est totalement terminé. Les travaux de réalisation du deuxième champ seront lancés incessamment. Ce dernier concerne la période 2025-2030 car les besoins actuels de la population sont estimés à 25.000m3/j». A propos de l'élément principal que sont les pompes «fabriquées en Finlande, en Allemagne et au Brésil, ces dernières nous seront livrées dans les délais souhaités». Au sujet de sa présence aux côtés de Abdelmalek Sellal, Daho Ould Kablia a expliqué: «Ma présence ici aujourd'hui répond aux instructions du président de la République. Ces instructions portent sur la création d'un cadre de vie constitué d'agglomérations dotées de toutes les commodités et services. L'objectif de cette politique est de constituer des cités abritant une densité importante d'habitants.» Ce faisant, le ministre délégué chargé des Collectivités locales a rappelé: «J'ai assuré l'intérim du ministère des Ressources en eau pendant deux mois. Durant cette période, j'ai participé au Forum mondial de l'eau qui s'est tenu à Istanbul. Le président du forum a cité l'Algérie en qualité de leader en matière de réalisation dans le domaine hydrique. D'abord, pour le projet de transfert de l'eau de In Salah à Tamanrasst, le plus important au monde et ensuite, la réalisation de la station de déminéralisation (comprise dans le projet) et qui l'est tout autant.» Rappelons que les stations de pompage disséminées tout au long du tracé du projet comprennent des cités de 31 logements abritant les personnels des huit sociétés chinoises, de Cosider et de l'Algérienne des eaux, en charge des travaux. Le coût global du projet est de 197 milliards de DA.