Peu importe l'art ou la manière. Les millions de jeunes rêvaient de cette victoire. Ils l'ont tant voulue que tout autre scénario contraire n'était envisageable. Un, deux et trois. Trois buts et au bout un rêve qui se réalise. Au stade Tchaker de Blida, à Alger ou ailleurs, les millions de jeunes Algériens ont brandi l'emblème national pendant plus de 90 minutes. Ils l'ont embrassé, serré avec passion sur leur coeur avec une grande fierté. N'est-ce pas cette même jeunesse à qui l'on reproche son manque de nationalisme, sa méconnaissance de l'histoire? Lundi, les jeunes ont regardé l'Algérie en face. Ils ne lui ont pas tourné le dos. La harga on la fera, mais ce sera après le match. Le chômage, la mal-vie, le Bac, et tout le reste on en parlera, mais après. Le pouvoir d'achat, la pauvreté, le piston, le terrorisme, le Snmg on en reparlera, mais après. Tout sera après le match. Il faut dire que cette rencontre a eu l'effet d'un véritable déclic psychologique au point de rappeler la grande joie des Algériens un certain 5 Juillet 1962, jour de l'Indépendance nationale. Et puis, le sport roi est réellement un facteur de cohésion nationale. Quand le foot va, tout va. Pour cela, il suffit d'une victoire, juste une victoire. Mais quelle victoire et contre quelle équipe? Les Egyptiens avec qui on a croisé le fer à plusieurs reprises sont des adversaires coriaces et qui imposent le respect. Le moment est à la joie semblaient crier les 40.000 supporters présents au stade Tchaker de Blida. Pendant 90 minutes, toute la jeunesse était suspendue aux exploits de la sélection algérienne de football. Le rêve était au bout du pied. 90 minutes durant, cette magnifique jeunesse s'est réconciliée, sans intermédiaire, avec son pays, mais avant tout, avec elle-même. «One, two, three viva l'Algérie!» On croyait ce slogan enfoui dans les tiroirs. En fait, il n'était que bien gardé au fond des mémoires. On disait que le jeune d'aujourd'hui ne porte plus le même amour pour la patrie que celui des années 50, 60, 70, ou même 80. «Ce phénomène» qui inquiétait aussi bien les politiques, les sociologues que les historiens a amené le ministère de l'Education nationale à intensifier les gestes et les cours au sein de l'Ecole algérienne pour dit-on «apprendre à la génération future l'amour du pays». Eh bien non! L'amour que porte cette jeunesse à l'Algérie s'est révélé intact. Il a suffi d'une victoire contre l'Egypte pour qu'il se révèle. Pas plus qu'une victoire. Qui a dit que notre jeunesse est exigeante? Qu'elle était difficile à satisfaire? Au-delà de la victoire, les leçons à tirer de la journée de dimanche sont importantes. Le sport a réussi là où la politique a échoué. Les jeunes ont besoin d'être écoutés. Ils ont soif d'être compris et aidés. Il ne fallait surtout pas perdre ce match. Il ne fallait pas s'incliner face à l'Egypte. Peu importe l'art ou la manière, les millions de jeunes rêvaient de cette victoire. Ils l'ont tant voulue que tout scénario contraire n'était envisageable La sélection algérienne de football a entendu les cris du coeur. Elle a été même à la hauteur. Les scènes de liesse d'après-match retransmis en direct par la Télévision algérienne dénotent d'une soif de victoire. Une victoire que l'on souhaiterait sur d'autres terrains. Pas ceux du foot uniquement. Les jeunes veulent du concret, les politiques sont-ils capables de relever le défi?