Une approche continentale de la sécurité sera en débat. Les experts de la sécurité des 53 pays africains membres de l'Union africaine participeront à une réunion prévue du 17 au 19 juin prochain à Alger. Organisée par le Centre africain d'étude et de recherche contre le terrorisme (Caert), la réunion évaluera les menaces et vulnérabilités qui guettent le continent noir. Il sera fait l'échange des lectures et analyses sur l'état actuel des menaces qui guettent le continent, d'une part, et la stratégie de lutte contre ce fléau sera définie, d'autre part. C'est l'objectif assigné à cette rencontre dont les travaux se tiendront à huis clos au siège du Caert sis El Mohammadia (El Harrach à Alger). A cette occasion, il sera question également d'évaluer les niveaux de relations entre les pays concernés, de faire le bilan des trois années écoulées après la rencontre de 2006 et de présenter le plan d'action du Centre pour la période 2010-2013. Le terrorisme, la criminalité organisée, les trafics de drogue et d'armes, la traite humaine et la contrebande sont autant de menaces qui pèsent sur l'Afrique, un continent souffrant de surcroît d'une pauvreté endémique, de l'instabilité politique, et d'autres conflits armés qui font le lit de tous les fléaux précités. Ces menaces et fléaux appellent à une solution continentale commune et ordonnée à la mesure des puissants réseaux de trafic en tous genres et organisations terroristes transnationales qui ont investi de nombreuses zones grises africaines. A titre d'illustration, à elle seule, la zone sahélo-saharienne peuplée par environ 60 millions, d'habitants vivant dans des conditions extrêmes, représente une superficie de 3,5 millions de km2. Les trafiquants y prospèrent. Quelques tribus sont acquises aux réseaux de contrebande qui assurent leur survie, il y a même des affinités avec Al Qaîda, qui se développent. Sans compter avec les convoitises des pays européens, la Russie et la Chine pour mettre main basse sur les richesses naturelles à profusion de cette partie du monde, lesquelles sont un secret de Polichinelle. En plus, le lien très étroit existant entre les rebelles, les réseaux de contrebande et Al Qaîda exacerbe encore la dangerosité de la menace planant sur l'Afrique. En particulier au Mali, au Niger, au Tchad et en Mauritanie où les groupes djihadistes se sont infiltrés à la faveur de la faiblesse du contrôle des Etats prévalant dans ces régions. Ces multiples fléaux ne manqueront pas d'atteindre la rive nord de la Méditerranée par le développement inquiétant des réseaux spécialisés dans l'immigration clandestine. Néanmoins, la réunion d'Alger offre une opportunité d'ébaucher une stratégie africaine à même d'appréhender cette menace grandissante. Toutefois, les experts relèvent que ces nombreux trafics représentent une source de revenus pour les populations locales, d'où l'impossible rupture avec les réseaux de contrebande sans mettre en place des alternatives économiques viables. Cela pour dire qu'à côté de l'option militaire, les Etats devront envisager d'amorcer en parallèle un développement socioéconomique durable. Pour rappel, lors d'une conférence sur le terrorisme dans la région du Sahel, le responsable du Caert avait soulevé la problématique liée à l'utilisation du golfe de Guinée comme point de transit de la cocaïne, provenant de la Colombie et de l'Afghanistan vers la zone sahélienne par des groupes criminels puissants. Les quantités de cocaïne saisies dans ces régions sont énormes. Par ailleurs, la consolidation de l'initiative africaine dépendra de l'influence des rapports et des politiques des pays occidentaux envers cette partie du monde.