Il faut attendre encore cinq ans avant d'établir un bilan objectif de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne. Une étude d'évaluation de l'Accord d'association avec l'Union européenne a été effectuée au courant de l'année dernière par des experts indépendants. Quelques unes de ses conclusions ont été présentées hier par Aïssa Zelmati, directeur du programme d'appui à l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne. Ce n'est que le 7 décembre dernier que les résultats de l'étude ont été présentés. Elle ne se prononce pas sur les effets des mesures récentes relatives à l'investissement adoptées en Algérie en matière de commerce et d'investissement, a dit M.Zelmati lors d'une rencontre avec la presse, tenue à Alger. La raison en est simple. Les statistiques de 2009 n'étaient pas disponibles au moment de la conduite de l'étude. Mais cela viendra. L'étude recommande, en effet, de multiplier les rendez-vous pour des évaluations périodiques de l'Accord d'association. Au sujet des appels de certains officiels algériens ne vue d'apporter des amendements à l'accord, M.Zelmati a indiqué qu'il y a des conseils et des comités d'association qui sont dédiés spécialement à des discussions entre les deux parties signataires de l'accord. Aucune demande de ce genre n'a été présentée. L'Algérie continue d'entretenir quelques reproches comme le fait que les investissements européens en Algérie ne sont pas importants ou que les contingents sont mal adaptés. Le ministère du Commerce n'est pas non plus enchanté de voir que pour chaque euro de marchandise achetée par l'Union européenne, l'Algérie en importe pour une valeur de 20 euros. Mais les Européens, comme souligné par le rapport d'évaluation, ne sont pas convaincus que les raisons en incombent à l'accord. D'abord pour une raison de temps. Une évaluation plus précise de l'impact ne pourra se faire que d'ici cinq ans, soit dix ans après l'entrée en vigueur de l'accord. Il est ajouté que le commerce et l'investissement ne sont que deux aspects de l'accord qui concerne aussi le mouvement de personnes et qui contient des dispositions sur les droits de l'homme, la culture ou la justice. Il est également illusoire de vouloir évaluer un accord dont la finalité n'est pas liée à des évolutions d'étape mais à la création d'une zone de libre-échange entre les parties signataires. Il n'y a quasiment pas d'autre objectif que celui-là, hormis le fait que l'Europe a besoin d'un théâtre d'opérations en Méditerranée où elle conserve toujours la puissance nucléaire déclarée. Cela n'empêche pas les officiels algériens de mettre, noir sur blanc, leurs appréciations sur l'accord. Mais l'étude n'avait pas pour but de contenter une partie ou une autre. D'ailleurs, elle contient des pistes pour améliorer la compétitivité des entreprises. Pour le domaine de l'exportation, il est relevé que les sociétés locales renferment de réelles potentialités mais qu'elles doivent encore acquérir une véritable culture d'export. L'étude indépendante a pu conclure que l'Accord d'association n'a pas entraîné de modification de la dynamique macroéconomique de l'Algérie en termes d'échanges même s'il se peut qu'il y ait moins de recettes douanières, si le démantèlement tarifaire touche beaucoup de produits. Le creusement du déficit commercial hors hydrocarbures est aussi constaté. La part de l'UE dans les importations de l'Algérie a tout de même diminué entre 2002 et 2007, mais elle reste le premier client pour les hydrocarbures. Les investissements dans les hydrocarbures et le BTP ont, par contre, augmenté et une évaluation de leur flux est recommandé. L'investissement n'est pas le seul outil de coopération avec l'Union européenne: 54 millions d'euros sont consacrés pour mettre à niveau l'administration et l'économie de l'Algérie. Un site du programme d'appui a même été ouvert pour recueillir les demandes de subventions.