L'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, paraphé en 2002 en Espagne et mis en œuvre le 1er septembre 2005, se devait de, outre relancer le dialogue politique, insuffler une nouvelle dynamique à la coopération, notamment économique. Quatre années après l'entrée en vigueur de cet accord d'association, les choses ne semblent pas évoluer comme il était espéré. Et pour cause, la démarche du partenaire européen qui voulant baliser les négociations, dresse divers obstacle. Même si, pour l'Algérie, il est question de dysfonctionnements internes, reste que les obstacles, côté UE, sont légion. C'est ainsi que, concernant la libre circulation des personnes, “les choses n'ont pas vraiment évolué”, selon la direction partenariat avec l'Union européenne du ministère des Affaires étrangères. Les négociations sur ce volet butent sur l'exigence européenne qui veut se contenter d'un simple accord de réadmission, alors que l'Algérie inscrit la problématique dans un accord global incluant notamment la délivrance des visas. Cette situation engendre “un statu quo en la matière”. Sur un autre chapitre, l'objectif d'aider l'Algérie à diversifier son économie est loin d'être atteint. Le marché européen étant très compétitif et l'accès des produits très sélectif. Selon les chiffres communiqués par la direction partenariat avec l'Union européenne, le taux de couverture des importations agricoles algériennes par ses exportations vers l'UE entre 2005 et 2007 est de l'ordre de 0,00046. Ce qui est, de l'avis même de cette direction, “insignifiant”. Il convient de relever que l'Algérie a demandé, dans le cadre des réunions du sous comité agriculture et pêche, la mise en place d'un groupe technique pour faire un diagnostic sur ce déséquilibre et identifier les facteurs économiques et techniques susceptibles de donner des perspectives en termes de volumes et de diversification des flux. L'Algérie attend toujours une réponse à cette requête. Mais il semblerait que l'UE ne voit pas la chose de la même manière. Elle est plutôt impatiente d'ouvrir les négociations sur la libéralisation additionnelle des échanges du commerce. “L'Algérie n'est pas pressée de commencer ces négociations”, précise-t-on au niveau de la direction partenariat avec l'Union européenne, relevant l'incapacité de l'Algérie à consommer ses contingents à l'exportation. L'UE ambitionne également de conclure avec l'Algérie un accord stratégique dans le domaine de l'énergie. Un sujet soumis également à des divergences. L'Algérie qui préconise des discussions exploratrices en vue de lever les contraintes, s'est vu destinataire d'un mémorandum d'entente auquel elle n'a pas encore répondu. En termes d'évaluation de l'accord d'association, la direction partenariat avec l'Union européenne des AE précise qu'elle se fait annuellement au niveau d'un conseil interministériel. Concernant les griefs retenus par certains opérateurs contre cet accord, la direction partenariat des AE, indique que “lors des négociations en 2001, les représentants du patronat ont été consultés par le ministère des Affaires étrangères”. À l'époque, “les opérateurs ne se sentaient pas menacés par les effets de l'accord”. D'un autre côté, la commission technique, présidée par la Caci, censée constituer un espace de dialogue et de concertation entre les opérateurs et l'administration, n'a reçu que peu de requêtes. Nos interlocuteurs mettront cela sur le compte de l'insuffisance du travail d'information et de sensibilisation sur l'accord d'association en direction des opérateurs économiques. D'ailleurs, le ministère du Commerce vient de dissoudre cette commission et la remplacer par une nouvelle instance dénommée “commission technique du suivi et d'évaluation de la mise en œuvre des accords de libre-échange”. Reconnaissant le déficit en termes de sensibilisation et de communication sur le sujet, les responsables de la direction estiment qu'il “faut toujours positiver les choses”, préconisant “une révolution des mentalités de l'administration et des opérateurs pour arriver à 2017 (mise en place de la zone de libre-échange avec l'UE) dans les meilleures conditions”. À ce titre, il est question de l'organisation à Alger en automne prochain d'un forum des investisseurs européens avec comme objectif de susciter l'intérêt de ces derniers au marché algérien, et de les rapprocher des opérateurs nationaux. Il est également question de négociation autour d'un accord de coopération scientifique et technique. Un accord, dit-on, très important pour la recherche scientifique algérienne.