Un médecin et un surveillant médical font partie de ce réseau qui a abusé de la crédulité des patientes. Dix personnes, dont un médecin, une femme de ménage, un surveillant médical, une autre qui servait d'intermédiaire et six femmes ayant été avortées, ont été présentées, hier, devant le procureur près le tribunal correctionnel de Cité Djamel à Oran. Et pour cause: des avortements illégaux. L'accusée principale n'est autre qu'une femme de ménage, exerçant au sein du CHU d'Oran. Elle est la principale fournisseuse des moyens médicaux nécessaires tandis que la deuxième, originaire d'Alger, jouait le rôle d'intermédiaire entre les demandeuses et les pratiquants de ces avortements interdits par la loi. Cette dernière est installée à Oran, depuis peu dans une résidence de l'une de ses proches située à la rue Mostaganem. Au moins huit autres personnes, dont deux infirmières exerçant au niveau du service pédiatrie et d'autres activant au service maternité, à leur tête le chef de service, ont été entendues. Il s'agit-là d'une affaire d'avortement dans laquelle plusieurs filles ont subi des «opérations destinées à étouffer l'erreur qu'elles ont commise». Selon les premiers éléments de l'enquête, l'affaire a été enclenchée après que de nombreux parents de filles victimes des opérations aléatoires et dangereuses ont déposé plainte auprès des services concernés à la suite de la dégradation de l'état de santé des concernées. A partir de cette petite information, la police d'Oran a pu remonter toute la filière qui a, dans son enchaînement, abouti à la découverte de tout un réseau spécialisé dans les avortements. Le premier acte de l'enquête a été d'improviser une scène digne d'un film hollywoodien dans laquelle une policière, qui s'est déguisée en patiente nécessitant un avortement, aurait joué un rôle fondamental. Après que toutes les premières formalités pré-avortement aient été accomplies, le rendez-vous est pris pour l'acte. Un guet-apens est tendu, la femme de ménage tombe dans les filets et ce fut le prélude à d'autres révélations et découvertes. Le réseau serait, selon l'enquête qui est toujours en instruction, constitué de dix personnes et dont la culpabilité des deux mis en cause n'est plus à démontrer surtout après la découverte et la saisie, lors d'une perquisition, de 108 comprimés facilitant l'avortement et autres outils dissimulés au domicile de la femme de ménage. Par ailleurs, les six autres femmes sont poursuivies pour avortements illégaux. «Les six femmes sont accusées d'avoir été illégalement avortées...», apprend-on auprès de la cellule de communication de la Sûreté de wilaya d'Oran. Aussi, toujours dans le même enchainement de l'enquête, la femme de ménage et le surveillant médical ont usé et abusé de la crédulité des «patientes porteuses du bébé du déshonneur» en exigeant de ces dernières des sommes allant jusqu'à 60.000 DA pour se débarrasser du lourd fardeau. Le prix appliqué varie selon l'état de santé de la «patiente» et le degré de l'intervention à subir...apprend-on. Après que le pot aux roses a été découvert, une seule question taraudait l'esprit des enquêteurs: d'où provenait tout ce lot d'outils et de médicaments avorteurs retrouvés dissimulés dans le domicile de la femme de ménage. L'hôpital d'Oran, particulièrement le service maternité serait la source principale d'approvisionnement. «Il est subtilisé de l'hôpital d'Oran...», apprend-on. L'enquête prise en main par la justice risque de déboucher sur d'autres révélations non moins graves. Tout porte à le croire au vu de l'étendue incessante du phénomène de l'abandon des nouveau-nés sachant que les bilans sont lourds. Avec ce coup de filet, les éléments de la police judiciaire d'Oran viennent d'élucider une des plus grandes affaires criminelles qui a laissé pantois tous les habitants d'Oran surtout après que la problématique de l'abandon des nouveau-nés a pris, ces dernières années, des allures phénoménales et dangereuses.