La Chambre de la pêche propose la mise en place d'un numéro bleu pour dénoncer toute infraction constatée. Que l'élevage des camelins soit en bonne santé à Ouargla, c'est une nouvelle de bon augure mais quand c'est l'élevage du poisson qui y prospère alors que sa pêche périclite au nord du pays, c'est qu'il y a un sérieux problème. La production aquacole enregistre un retard en Algérie. «Depuis quatre ans, nous constatons qu'il n'y a pas eu de résultats positifs en matière d'élevage de poissons d'eau douce, excepté une petite production de Tilapia à Ouargla», déplore le président de la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture (Capa), Mohamed Laârbi Yahiouch, invité, hier, au forum d'El Moudjahid. Pour déceler les raisons de ce retard et les facteurs qui empêchent ce domaine de se développer, M.Yahiouch révèle qu'une commission d'enquête qui regroupera les professionnels de la famille maritime sera installée incessamment. Le constat établi aujourd'hui de la situation de ce secteur est peu reluisant. Malgré les efforts qui sont consentis pour booster la production halieutique et aquacole, de nombreux problèmes continuent encore de freiner son développement. Selon le conférencier, la pollution marine et les rejets industriels en mer constituent un danger mortel pour la faune marine. A Dellys et Bousmaïl, l'eau est touchée par les produits toxiques. «Le poisson a fui nos côtes en raison du non-respect des règles de pêche, et de ce fait la production a nettement régressé durant les six derniers mois», se désole M.Yahiouch. Cette situation s'est naturellement répercutée sur la consommation des citoyens. On se souvient de la hausse vertigineuse du prix de la sardine qui a atteint les 400 dinars le kilo, un poisson destiné surtout aux familles à faible revenu. La Capa a proposé aux autorités concernées la mise en place d'un numéro bleu pour dénoncer toute infraction constatée. A noter dans ce contexte qu'un projet de mise en place d'une Police de la pêche avait déjà était annoncé. Cette police sera structurée dans les directions de la pêche des wilayas. Elle travaillera en coordination avec les services des gardes-côtes et veillera au respect de l'écosystème marin en procédant au contrôle des déversements dans les oueds et les rivières. Elle devra également contrôler le respect de la période biologique de la pêche qui est normalement interdite de mai à octobre. Le directeur général de la Capa, Toufik Rahmani, explique de son côté que parallèlement à la hausse de la production nationale due au renforcement des moyens utilisés dans la pêche, la demande a aussi augmenté suite à la distribution de cette ressource par les camions-frigos à l'intérieur du pays. M.Rahmani rappelle dans ce contexte que la capacité de production annuelle de poisson est de 220.000 tonnes. «L'Algérie ne peut pêcher que le 1/3 de sa biomasse, les 2/3 étant réservés à la reproduction», a-t-il souligné. Face à cette situation, le conférencier insiste sur le recours à l'aquaculture qui représente 60% de la consommation mondiale de poisson pour compléter la pêche maritime et ce pour répondre aux besoins sans cesse croissants de la population. Des projets d'élevage d'eau douce sont, note-t-il, lancés dans ce sens notamment des moules, des tilapias et de la crevette.