Ali Khamenei, plus haute autorité de l'Etat, a mis en garde les partisans des trois candidats qui contestent le scrutin dans la rue contre l'«extrémisme» débouchant sur la violence. Le guide suprême iranien Ali Khamenei a déclaré hier que «le peuple avait choisi celui qu'il voulait» comme président de l'Iran, exigeant la fin des manifestations contre la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad. «Le bras de fer dans la rue est une erreur, je veux qu'il y soit mis fin», a demandé Ali Khamenei lors d'un prêche très attendu à l'université de Téhéran, en assurant qu'il «ne cèdera pas à la rue». Dans son long prêche devant des milliers de fidèles rassemblés à l'université de Téhéran, dont M. Ahmadinejad, il a aussi dénoncé violemment l'attitude des Occidentaux sur la présidentielle du 12 juin qui a vu la victoire de M.Ahmadinejad au premier tour avec 62,63% des voix face à M.Moussavi (33,75%). «Le peuple a choisi celui qu'il voulait» comme président d'Iran, «le président a été élu par 24 millions de voix», a-t-il lancé, confirmant les résultats du scrutin contesté par ses trois anciens candidats rivaux dont M.Moussavi qui ont parlé d'«irrégularités» et réclament une nouvelle élection. L'ayatollah a averti que, si «certains choisissent une autre voie que de participer à la fête de l'élection», il interviendrait pour les dénoncer devant le peuple. Ali Khamenei, qui est la plus haute autorité de l'Etat, a notamment mis en garde les partisans des trois candidats qui contestent le scrutin dans la rue contre l'«extrémisme» débouchant sur la violence. Sept civils sont morts lors de heurts en marge des cortèges massifs mais largement pacifiques qui se sont multipliés ces derniers jours en Iran. «Les responsables politiques qui ont une influence sur le peuple devraient faire très attention à leur comportement, s'ils agissent de façon extrémiste, cet extrémisme atteindra un point de non-retour (...) ils seront responsables pour le sang, la violence et le chaos», a dit le guide. Il a par ailleurs rejeté la possibilité de fraudes ayant avantagé M.Ahmadinejad lors du scrutin comme l'affirment ses rivaux malheureux, confirmant que «le président a été élu avec 24 millions de voix», son score au scrutin de vendredi dernier. «Les mécanismes de notre pays ne permettent pas de tricher avec une marge de 11 millions (celle séparant M.Ahmadinejad de son principal rival Mir Hossein Moussavi). Comment peut-on tricher avec une marge de 11 millions», s'est-il interrogé. Le guide suprême a aussi assuré que «l'élection a témoigné de la confiance du peuple dans le régime» islamique, grâce à une participation exceptionnelle de 85% le 12 juin. Mais, a-t-il concédé, tout doute sur les résultats doit être examiné par des moyens légaux après les graves irrégularités dénoncées par les trois candidats battus. Son prêche était d'autant plus attendu que l'unité de façade du régime sur les événements semblait commencer à se lézarder. L'Assemblée des experts, qui compte 86 religieux chargés de superviser l'activité du guide suprême, s'est «félicitée» de la participation record au scrutin mais n'a pas eu un mot sur la réélection de M.Ahmadinejad. Aussi au moins cinq grands ayatollah, le rang le plus élevé dans le clergé iranien, ont demandé au Conseil des gardiens de prononcer un «verdict convaincant» sur les plaintes L'ayatollah Khamenei a aussi témoigné son soutien au président réélu en affirmant que les «opinions du président sont plus proches des miennes» que celles d'Akbar Hachémi Rafsandjani, l'ancien président de la République islamique qui a soutenu M.Moussavi, un conservateur modéré, pendant la campagne. «Je vois certains hommes plus aptes à servir le pays que d'autres. Mais le peuple a fait son choix», a-t-il expliqué. Il a également contesté s'être impliqué dans la campagne en faveur de M.Ahmadinejad en affirmant: «Ce que je voulais n'a pas été dit à la population.» Enfin, Ali Khamenei a violemment dénoncé l'attitude des pays occidentaux concernant le scrutin. «Les diplomates de plusieurs pays occidentaux qui nous parlaient jusqu'ici avec un langage diplomatique ont montré leur vrai visage, en premier le gouvernement britannique», a-t-il dit. Par ailleurs, la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay s'est dit inquiétée, dans un communiqué, du «nombre croissant d'arrestations, peut-être menées en dehors du cadre légal» en Iran ainsi que de «la possibilité de recours excessif à la force et d'actes de violence» contre les manifestants.