Son film Mascarades a été récompensé récemment du Grand Prix au Festival du film arabe de Rotterdam. L'Expression: Presque un an que le film Mascarades est sorti dans les salles en France et en Algérie, quel regard portez-vous sur tous ces prix glanés ici et là et attendiez-vous un tel succès? Lyes Salem: D'abord en tant que réalisateur, je suis très content que le film ait rencontré ce succès. Je ne m'y m'attendais pas, je mentirais si je disais que je ne l'ai pas espéré. Mon objectif était de faire au maximum, le film que je voulais. Ce qui a été à peu près le cas. Cela d'un point de vue individuel. D'un autre point de vue, peut-être que le film a contribué à donner plus de visibilité ou d'intérêt sur le cinéma algérien où il y a plusieurs films qui sont en train de se faire. Et de contribuer aussi à prendre conscience que le cinéma algérien a des choses à dire, qu'il existe une génération qui veut dire des choses. Elle le ferait bien si elle avait les moyens. Si mon film entre autres, avec d'autres, a permis de mettre la lumière là-dessus je serais très heureux. Ces rencontres de Béjaïa en sont les témoins. On les a ouvertes avec tous les films qui se sont «baladés» dans le monde lors des différents festivals. Ils sont là, du court métrage de Khaled Benaïssa au film de Tariq Teguia qui fermera les «Rencontres», eh bien! tout ce qui s'est fait cette année concernant le cinéma algérien est représenté ici et je suis très heureux que mon film Mascarades et moi participions à cette édition-là. Ce que je veux dire par là est que si j'ai contribué à inciter les gens à s'intéresser au cinéma maghrébin aux côtés des autres cinéastes algériens, j'en serais heureux. Comment aviez-vous trouvé ces Rencontres? J'ai pris beaucoup de plaisir à être là. Je tire mon chapeau à Abdenour et à l'association Project'heurts. J'y étais à la deuxième édition qui était un beau souvenir et je constate encore sa réussite, il y a une vrai «fournaise» qui est là. Les choses sont bien organisées. On n'est pas perdu. Outre le lieu, qui est la Maison de la culture qui n'est pas le meilleur endroit pour abriter cet événement, la Cinémathèque étant fermée pour rénovation et outre les problèmes techniques sur lesquels on n'est pas encore au point, il me semble que ce n'est pas grave. L'important est ce qui se passe autour. Personne n'est paumé. Tout le monde est là. Abdenour a fait des choses vraiment très bien et je pense qu'il s'est battu pour cela, c'est pourquoi j'ai dit l'autre jour en rigolant que j'avais l'impression de ne pas être dans un festvial en Algérie. J'ai l'impression d'être ailleurs. Je l'avoue car j'ai fait plusieurs festivals. C'est le seul festvial où je suis resté toute la durée. D'habitude, je viens, je présente mon film et je m'en vais. Aussi, c'est en Algérie, à Béjaïa et je veux participer à ce qui se passe ici. Par contre, ceux que je ne remercie pas vraiment, est le directeur de la culture parce que les gars de Project'heurts se sont pris six mois à l'avance pour réserver l'endroit, quinze jours avant on leur impose des activités parallèles. Cela est de la mauvaise gestion et je ne leur tire pas mon chapeau! Abdenour s'en est sorti quand même. Mais cela n'aurait pas dù avoir lieu car il avait réservé son endroit six mois à l'avance! Arrivez-vous aujourd'hui à vous détacher un peu de votre personnage dans Masca-rades en étant en préparation d'un nouveau long métrage? Je crois que ça commence un peu, peut-être pas complètement tant que je suis à ces «Rencontres» mais là je sens que le cordon est coupé si ce n'est qu'il est en train de se couper. Ce qui est normal. Un mot sur votre prochain long métrage... Je ne sais pas du tout quelle forme cela va avoir, c'est pourquoi je n'en parle pas. Je ne veux pas parler de l'idée première que j'ai car je sais qu'elle va évoluer et qu'elle n'aura certainement plus rien à voir avec un éventuel autre film que je ferai. Mais c'est vrai que je pense à un personnage qui commence à m'habiter beaucoup et qui est un type d'une quarantaine d'années qui sort de prison. On va retourner dans son passé pour comprendre ce qui s'est passé. Et sans être dans une histoire de gâchis, il sait pourquoi il a fait de la prison. Endosserez-vous le rôle de ce personnage? C'est peut-être trop tôt pour le dire mais je pense, j'ai encore deux à trois ans pour le tourner, à ce moment-là j'aurai 37 ans. Aussi, je jouerai prochainement dans le premier film d'Arianne Ascarid qui est une comédienne française que l'on a vu l'autre jour dans le film Le thé d'Ania de Saïd Ould Khelifa, et qui est aussi la comédienne fétiche de Guédiguian. Elle réalise son premier film donc, pour France2 sur l'immigration clandestine et dans lequel je joue le rôle du père d'une petite fille. Enfin, j'ai un rôle dans le feuilleton qui sera produit et réalisé par Bachir Derrais, intitulé Loeb. J'interpréterai le rôle de Blis, un personnage secondaire mais qui est assez présent. Je joue aux côtés de nombreux comédiens à l'image d'Abbas Zamani, Hmed Benaïssa etc.