Le registre du commerce n'est plus suffisant pour ouvrir une supérette ou un supermarché. Un décret exécutif a été publié en mai dernier par le ministère du Commerce pour réglementer l'activité des espaces commerciaux dont les supérettes, les supermarchés et les hypermarchés. Désormais, une autorisation du wali sera nécessaire pour se lancer dans ce créneau alors qu'auparavant un registre du commerce suffisait. C'est ce qu'a déclaré hier Zahir Ezziat, sous-directeur de l'organisation des activités commerciales au ministère du Commerce. Cette déclaration a été faite lors d'une rencontre sur les enjeux économiques et sociaux de l'émergence de la grande distribution moderne en Algérie organisée par Formadis à l'hôtel Hilton. Cette nouvelle réglementation a été bien accueillie par les professionnels présents à cette rencontre. Il y a cependant un problème qui a été soulevé par de nombreux intervenants. Il s'agit de l'obligation faite à des enseignes déjà installées comme à celles en voie de l'être de disposer d'un parking pouvant contenir 200 véhicules pour un supermarché et 1000 véhicules pour un hypermarché. La première réserve est celle liée à la disponibilité du foncier non seulement à l'intérieur des zones urbaines mais même au-delà. Il y a ensuite le prix du mètre carré du foncier qui est jugé excessif. Se pose ensuite la problématique de la rentabilisation de ces espaces. Une des autres questions soulevées par les participants est liée au choix délibéré de privilégier la voiture au détriment des moyens de transport collectif. Il s'en est même trouvé qui se sont interrogés pour savoir pourquoi le ministère impose l'obligation de disposer de parking pour des surfaces commerciales alors que ce n'est pas le cas pour d'autres structures comme les stades. Le représentant du ministère du Commerce a répondu qu'il a bien pris note de ces doléances et qu'il les transmettra «à qui de droit». La grande distribution a d'autres enjeux que ceux liés à l'urbanisme commercial car la survie des petits commerces peut s'en trouver gravement menacée. C'est, en tout cas, ce qu'a relevé Jacques Drouet, professeur agrégé à l'université de Lille qui a déjà pu constater l'expérience des enseignes de grande distribution au Maroc. Il a néanmoins expliqué que le consommateur peut trouver des produits à un prix inférieur à celui pratiqué dans le commerce de proximité. Sans cette possibilité, le citoyen ne pourra pas se diriger vers des grandes surfaces de distribution. Mieux, il estime que 30 au moins de la gamme des produits proposés doivent obéir à cette règle. Il ne faut pas s'attendre à ce que toutes les grandes surfaces appliquent ces principes car il y a un seuil critique lié à la taille qu'il faut franchir au préalable. Selon ce spécialiste, les grandes enseignes devraient disposer d'au moins 10 structures pour réaliser des économies d'échelle permettant une baisse des prix des produits destinés au consommateur final. Pour l'instant, à part les grandes surfaces, il y a aussi les centres commerciaux et les galeries marchandes qui commencent à faire leur apparition pour diversifier l'offre des lieux de vente. C'est ainsi qu'Alain Roland, directeur général de la Société des centres commerciaux d'Algérie, a annoncé que le centre commercial de Bab Ezzouar devra ouvrir ses portes avant la fin de cette année. Ce seront 31.000 m2 d'espaces commerciaux et 16.000 m2 d'espaces de bureaux qui seront ajoutés à l'offre nationale pour abriter 75 activités différentes. Dans le cadre du Plan quinquennal 2009/2014, le ministère du Commerce a décidé, quant à lui, de procéder à la construction de 50 marchés de gros, 12 marchés hebdomadaires, 1838 marchés de bétail et 20 abattoirs. Toutes ces initiatives devraient contribuer à réduire la taille du marché informel «en attendant que l'informel s'installe dans le formel», selon la formule de Jacques Drouet.