Le mythe de l'insurrection des Aurès disparaît au profit d'une réalité nettement plus humaine. Les éditions ANEP récidivent, encore une fois, avec de nouvelles parutions et cette fois encore, l'histoire de la Guerre de Libération nationale se taille la part du lion dans leurs dernières sorties, puisque trois ouvrages historiques sont proposés aux férus de lecture et surtout à ceux qui veulent en savoir plus sur les événements du 8-Mai 45, l'insurrection dans les Aurès et autres faits et réalités sur la Guerre de Libération Nationale. Ainsi, est paru, au cours de leur dernière sortie médiatique, un ouvrage de Redouane Ainad-Tabet, 8-Mai 45, le génocide, un autre de Saddar Senoussi, Ondes de choc et deux autres titres d'un auteur encore méconnu, Mohamed Larbi Madaci qui a écrit deux romans Les Tamiseurs de sable et L'initiation. Mohamed Larbi Madaci, médecin de formation, est né à Oran et est originaire des Aurès. Il a très tôt, à 16 ans, rejoint les rangs de la Révolution. Il fut emprisonné en 1957, puis expulsé, au cours de la même année, vers la France. Il obtint en 1961, un diplôme de biologie après des études effectuées aux Etats-Unis, puis poursuit après l'Indépendance, des études de médecine. Peut-être se découvrant une âme d'écrivain ou encouragé par ses proches et son entourage, ou peut-être encore animé par le souci et la volonté de lever le voile sur les vrais événements qui ont fait l'insurrection dans les Aurès, Mohamed Larbi Madaci a voulu, dans ce livre, raconter les vrais faits, les réelles circonstances, tels que réellement vécus par les hommes, sans maquillage ni falsification, et racontés dans leur totalité, sans tenter d'enjoliver des situations qui étaient bien loin d'être jolies ou de couvrir des peurs et des lâchetés, du moment légitimes et fort compréhensibles vu la situation, mais souvent tues pour en faire des héros. Dans Les Tamiseurs de sable, Madaci fait parler les vrais acteurs de l'Insurrection, ceux qui sont restés dans l'ombre, ceux qui ont été secoués par la guerre, ceux qui ont été touchés dans leurs tripes, déchirés dans leur coeur, ce sont tous des hommes «meurtris, laminés, surpris d'être encore en vie, mais avides de témoigner». Ce sont Adjel Adjoul, Ammar Benchaïba dit Ali, Lakhdar Abidi, Messaoud Belaggoune, Mostefa Boucetta, Bicha Djoudi et Amor Mestiri qui ont rendu possible ce travail grâce à leurs témoignages. En fait, dans ce livre, c'est surtout le «mythe» de l'insurrection des Aurès qui disparaît pour laisser place à une réalité certes, crue, mais nettement plus «humaine», plus plausible et plus intéressante. On y apprend que les «mou-djahidine» sont des hommes tout à fait ordinaires, qui n'ont rien d'extraordinaire; Des hommes comme tous les hommes, comme le commun des mortels qui ont eu peur, ont commis des erreurs, des bavures qui ont parfois coûté très cher, certains ont même failli à leur devoir, d'autres ont fui, ont fait faux bond. On y découvre des choses sur des personnages qu'on a voulu mystifier alors qu'ils étaient, eux aussi, capables des bavures les plus impardonnables et des peurs les plus «humaines». On y cite des noms appartenant à l'Histoire tels que Mostefa Ben Boulaïd, Bachir Chihani, Adjel Adjoul et bien d'autres qui ont fait que l'Algérie d'aujourd'hui soit libre et indépendante. Parfois, dans ce genre de témoignages, dire la vérité telle qu'elle a été vécue à l'époque sans tenter de l'embellir peut déplaire à certains qui l'ont rapportée autrement en y ajoutant des passages allant en leur faveur, ou ôter des passages pouvant nuire à leur image, ou encore «dévaloriser» d'autres qu'une «autre histoire» a décrits comme des héros, mais que des témoignages démentent ou du moins contredisent. Mais, ce qu'il y a de mal, c'est surtout s'approprier des exploits qui ne sont pas les siens, ignorer des faits qui sont importants à signaler, ou encore et c'est le plus grave de tous, falsifier l'Histoire d'un peuple qui doit rester un héritage pour les générations futures.