Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déploré hier à Ankara l'hostilité des Européens à l'égard du processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, affirmant qu'il a causé une «sérieuse érosion» de l'enthousiasme entourant ce processus dans son pays. «Les efforts de la Turquie n'ont pas diminué du tout (...) Mais certaines attitudes du côté européen ont ouvert la voie à une sérieuse érosion de l'enthousiasme populaire et du consensus dans l'opinion publique», a déclaré M.Erdogan lors d'une rencontre avec les ambassadeurs des pays membres de l'UE. «Il n'y a rien à gagner pour aucun pays à faire de la question de l'adhésion turque une affaire de politique intérieure (...) Il faut réaliser que cela va endommager les relations entre l'UE et la Turquie à moyen et long terme», a-t-il ajouté. «Le questionnement constant du statut de la Turquie et les efforts visant à modifier ce statut violent les accords existants», a-t-il ajouté, Les dirigeants français et allemand ont, durant la récente campagne pour les élections européennes, réitéré leur opposition au processus d'adhésion de la Turquie au bloc européen entamé en octobre 2005, auquel ils préfèrent la solution d'un «partenariat privilégié». La Turquie n'a ouvert que 10 des 35 chapitres thématiques de négociation avec l'UE, le processus étant ralenti par le refus d'Ankara d'ouvrir ses ports et aéroports à Chypre, pourtant membre du bloc européen. M.Erdogan a indiqué que la Turquie voudrait voir un 11e chapitre de négociation s'ouvrir d'ici la fin juin puis deux autres avant la fin de l'année.