La Journée nationale des handicapés nous rappelle que cette frange de la population reste très vulnérable. Elle est victime d'une double peine : le handicap mal pris en charge de surcroît et les difficultés quotidiennes dans une société qui ne leur est pas adaptée. L'accessibilité aux lieux publics par exemple est quasi nulle, en plus des difficultés d'accès à l'éducation et des ressources très faibles versées irrégulièrement. Les personnes en situation de handicap en Algérie peinent énormément à décrocher un emploi. Quel que soit le chiffre retenu officiellement, la situation est intenable pour la plupart des personnes atteintes d'infirmité. Elles sont quelque 3 millions à souffrir d'un handicap dans notre pays, selon l'OMS et 1,8 million invalides physiquement, selon l'Office national des statistiques. Le chiffre réel reste inconnu en l'absence d'une enquête nationale qui pourrait recenser cette population. La loi n°02-09 du 8 mai 2002 relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées accorde de nombreux avantages aux personnes bénéficiaires dont l'attribution de pensions (aide sociale directe), la couverture sociale (les cotisations à la caisse de sécurité sociale sont prises en charge par le budget de l'Etat) et la prise en charge par l'Etat des frais de soins médicaux et de rééducation fonctionnelle. La loi stipule aussi l'insertion sociale et professionnelle à travers l'obligation faite à tout employeur, qu'il soit public ou privé, de consacrer au moins 1% des postes de travail aux personnes handicapées. Les employeurs qui ne se soumettent pas à ces obligations légales sont tenus de verser au fonds spécial de financement de l'activité de protection et de promotion des personnes handicapées une contribution financière. Les idées préconçues restent tenaces au sein des entreprises, notamment du point de vue des « performances » des personnes handicapées, et des adaptations nécessaires à leur emploi. Mais cette loi n'est pas appliquée à la lettre. Concernant la prise en charge des handicapés, Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, a reconnu récemment, un peu embarrassé, que la pension allouée aux handicapés qui est passée à partir de juillet 2007 de 3000 à 4000 DA « est dérisoire et reste malgré tout en deçà de ce qu'elle devrait être ». Le regard de la société doit aussi évoluer ainsi que celui des handicapés sur eux-mêmes pour qu'ils soient considérés comme des citoyens au lieu de les confiner dans un rôle d'éternels assistés. Le handicap ne devait plus être un obstacle à l'égalité des chances et à la participation à la citoyenneté. Certaines personnes handicapées ont du mal à sortir de leur solitude imposée et s'emmurent dans le silence. Une stratégie gouvernementale doit être mise en place dans le but de les aider à compenser les incapacités motrices, sensorielles, cognitives, en vue de favoriser leur autonomie, leur insertion dans la société et leur pleine participation à la vie de la cité. Le problème de la prise en charge des handicapés relève d'abord de la responsabilité de l'Etat. Tout ce qui émanerait des citoyens et du mouvement associatif devrait venir en appoint.