«Pas de complaisance ni de paternalisme. Pas d'assistanat!», martèle l'auteur de Fort Saganne, Louis Gardel, à l'égard des écrivains africains. L'esplanade de Riad El Feth accueille depuis le 21 juin dernier et jusqu'au 29 juin les amoureux du livre à l'occasion de la tenue de la seconde édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse intervenant en prélude du Festival culturel panafricain. Comme entrée en matière, chaque jour un récital poétique à 18h. Cette fois, mardi, nous eûmes droit à un duo sénégalais avec le griot(Dilai), Soriba Sakho (musique et chants) et le poète Mbaye Ndongo qui rendra à sa manière hommage à la «femme-poésie», la muse, la nuit et la nature, en passant par l'histoire de l'Afrique, l'esclavage et sa mer de liberté à travers des citations de Lépolod Sédar Senghor notamment. Le thème de la rencontre de cette journée a porté sur l'édition en Afrique vue par des éditeurs, à savoir Louis Gardel, cet enfant d'Alger, des éditions Le Seuil et Robert Ageneau des Editions Karthala,. Le premier éditeur étant spécialisé en littérature et le second en livres de sciences humaines et histoire. A noter que les autres éditeurs invités se sont désistés pour des rasions administratives et autres. Le responsable de Karthala, évoquant la genèse de sa maison d'édition, rappellera les difficultés d'aujourd'hui pour les éditeurs publics à éditer des livres en rasion de la crise économique. Pour Loius Gardel, catégorique, pas question de faire du favoritisme ou de ghetoïser la littérature africaine dans une catégorie ou une autre. «Pas de collection spécifique du Continent noir. C'est un point de vue que je défends très fort.» L'éditeur de Kateb Yacine, Mohamed Dib, Tahar Djaout ou encore Mouloud Feraoun regrette que les auteurs africains ne trouvent pas d'éditeurs dans leurs pays et se tournent vers l'Europe. «Ils font cela parce qu'ils savent qu'on ne leur fera pas de cadeau et q'ils seront aussi traduits dans le monde.» M.Gardel est franc et sans ambages: «Pas de complaisance, ni de paternalisme. Pas d'assistanat», martèle-t-il à l'endroit des écrivains africains. Pour Louis Lagardel, un auteur est choisi parce qu'il est bon. Toutefois, regrette-t-il un peu «le bricolage» qui entoure la profession. La cherté des livres et la baisse du pouvoir d'achat des pays africains sont aussi évoqués. Pour M.Ageneau, la production africaine a du mal à venir en Europe. «Il faut trouver des méthodes qui permettent dans ce cadre de la mondialisation de construire une nouvelle coopération.» Et M.Lagarder de renchérir: «Il y a un potentiel fort en Afrique mais ce qui manque ce sont les infrastructures éditoriales. Le livre c'est un objet qui a un coût, une activité intellectuelle avec un support matériel. Il faut aider nos amis africains en tant que partenaires égalitaires. Mais c'est très compliqué. Ce n'est pas demain que cela s'arrangera. La solution est la cessation des droits mais...» Un cercle vicieux qui nécessite plus qu'une table ronde pour réfléchir sérieusement à la question, a fortiori entre éditeurs, lesquels doivent être considérés à part égale. Utopie? A côté, une bien bonne utopie celle-là, celle du lecteur qui s'en va à chaque fois bredouille, ayant cru pouvoir faire plaisir à son enfant, en y achetant un livre à un prix abordable, mais grande est sa surprise à la fin au vu des prix affichés. «trop élevés», témoignent les lecteurs...