Ce joyau, loti entre mer et montagne, ne vit que le temps d'un rush estival avant de replonger dans sa léthargie le reste de l'année. A Chetaïbi, commune à vocation touristique, les merveilles naturelles sont de véritables caprices des dieux. La baie ouest demeure toujours aussi radieuse, au point de se demander si un jour elle a été foulée par l'homme. Le calme règne en maître des lieux. La luminosité est impressionnante, comme si toutes les étoiles s'y étaient donné rendez-vous pour en faire le centre de la galaxie. De par sa propreté, le village respire l'air pur. Ce qui en dit long sur le civisme de ses habitants. Un civisme sauvegardé en dépit de la pauvreté caractérisée des villageois, car malgré les temps durs et le chômage, les habitants de ce petit paradis tentent de survivre grâce aux petits commerces et les quelques cafés maures qui ne désemplissent pas, notamment en période estivale, de par le grand nombre de touristes qui optent chaque année pour ce coin paradisiaque. Ce joyau, blotti comme un bébé entre la mer et la montagne, ne vit que le temps d'un rush estival avant de replonger dans sa léthargie le reste de l'année. En effet, l'investissement fait défaut en dépit des ressources existantes. Durant la saison estivale, les terrasses ombragées par des toits de branchages au front du port ne désemplissent pas. L'odeur du poisson frit pique les narines. La dégustation se fait tout en embrassant du regard l'immensité de la mer scintillante sous le soleil de midi tandis que des pêcheurs, assis à l'ombre d'une embarcation, raccommodent leurs filets en attendant la prochaine sortie. Le coucher du soleil est très attendu. Quand la nuit drape de son velours la ville, le visiteur se laisse emporter par le ressac des vagues dans un fracas doux donnant l'impression de révérence en guise de bienvenue aux hôtes du royaume nocturne. En dépit de l'absence de structures hôtelières, les estivants affluent: une aubaine pour les riverains qui louent leurs appartements à des prix exorbitants, quitte à quémander le gîte chez la famille. En effet, Chetaïbi regorge de chômeurs et de démunis. La population se sent délaissée. L'investissement aussi. Pourtant elle ne manque pas d'opportunités. Malheureusement, Chetaïbi demeure, touristiquement parlant, l'incontestable oubliée malgré ses ressources halieutiques considérables mais inexploitées, tandis que l'agriculture, elle, demeure en jachère. C'est plutôt une agriculture de subsistance. Les parcelles demeurent de petite taille. Et dire que l'environnement, très boisé, est favorable au développement de nombreux créneaux à côté, bien sûr, de l'investissement dans le secteur touristique et celui de l'agroalimentaire. Lancée en 2001, l'étude d'extension de la zone touristique (ZET) de la commune de Chétaïbi n'est toujours pas prête. Ce programme censé donner un élan au tourisme dans cette région afin d'en faire une véritable station balnéaire est resté lettre morte. Pour le moment, les habitués de Chétaïbi devront encore se contenter de la générosité et de la splendeur de Dame nature et passer leurs vacances à l'état naturel.