Les classes de l'école Madiou de la ville des Mille martyrs s'habillent des couleurs de l'Algérie. Il en est des investisseurs qui croient encore que le tourisme est une machine qui fabrique des touristes comme celles qui font des spaghettis, des clous ou des pièces de rechange. L'Etat a de l'argent alors, il peut importer ce produit appelé: le touriste. En fait, ce touriste étranger ne vient pas pour découvrir ce qu'il connaît déjà ou pour manger et voir ce qu'il a chez lui. Ce constat se dégageait éloquemment des discussions avec différents artisans présents à la 4e Semaine de l'artisanat qui se tient depuis mardi jusqu'au 5 juillet à Tadmaït. Cette édition organisée par l'APC et qui se tient à l'école Madiou au centre-ville de Tadmaït, a réuni une trentaine d'artisans venus de plusieurs wilayas du pays dont une délégation du ministère de la PME, un représentant du wali ainsi que le directeur de la PME et de l'artisanat de Tizi Ouzou. Ainsi, et parallèlement aux stands des artisans exposants qui mettaient admirablement en valeur les richesses du terroir, des activités artistiques ont été programmées pour agrémenter cette semaine dédiée à l'art du terroir. Des galas artistiques seront également animés par les troupes traditionnelles de Idhebalen, du Karkabou et de l'Ahellil du Gourara. Les visiteurs auront droit également à des démonstrations sur la manière de faire des artisans tels l'apiculture, tuqqda (fabrication d'objets en argile et leur cuisson) et le tissage manuel. Depuis mardi, les classes de l'école Madiou de la ville des Mille martyrs s'habillent des couleurs de l'Algérie. Des vanniers d'El Oued aux ciseleurs d'Aït Yenni, du burnous kabyle à la kechabia de la Saoura et des Hauts-Plateaux, l'artisanat s'impose comme oxygène pour le tourisme en Algérie. Cette beauté qui rayonnait déjà dans les années 70 et qui a attiré des touristes de tous les continents se voile la face aujourd'hui. Elle refuse d'être représentée par certains énergumènes qui nuisent au secteur du tourisme plus qu'ils ne le servent. C'est du moins le constat qui se dégage des conversations avec ces artisans qui ne trouvent pas de débouchés pour leurs produits. Ils se plaignent dans leur majorité de la non-participation des investisseurs dans le tourisme dans la mise sur le marché de leurs produits. En effet, toutes ces aides financières et tous ces dispositifs de création d'entreprises conçus par l'Etat n'ont pas fait bouger les investisseurs dans l'hôtellerie. Rencontré sur les lieux, un vannier de la wilaya d'El Oued, Hamaïdia Mohamed Karim, se plaint de l'absence de marché. Pourtant ses fauteuils, ses chaises, ses tables et même sa décoration sont toutes confectionnées à partirde branches de dattier et possèdent un effet curatif pour la colonne vertébrale, affirme-t-il. «J'ai fait le tour de tous les établissements hôteliers d'Algérie sans trouver preneur», souligne Mohamed Karim, peiné. Un exemple parmi tant d'autres qui met en lumière que certains investisseurs dans le tourisme croient encore attirer les étrangers en leur offrant ce qu'ils ont déjà chez eux. Enfin, la Semaine de l'artisanat de Tadmaït attirait encore un monde fou parmi les jeunesde la région laquelle ne manquera pas de découvrir des débouchés pour leur avenir professionnel.