Plusieurs fausses informations relatives à des explosions dans la capitale et sa périphérie, ont circulé, hier, créant un début de psychose générale. Grande ébullition, hier, dans les salles de rédaction. Il fallait confirmer et vite. Attentat à la bombe aux Eucalyptus, puis à Ben Aknoun, un autre à Rovigo, un quatrième à Meftah. Un véhicule de transport est mitraillé à Cinq-Maisons. Une journée infernale, en somme. Mais n'en croyez pas un mot, toute cette série d'attentats n'était, en fait, que pure rumeur, colportée, amplifiée et savamment diffusée. La grisaille qui a caractérisé la journée d'hier a peut-être accentué la mauvaise humeur des citoyens. Depuis la série d'attentats à la bombe qui a fait le tour des quartiers d'Alger, puis sa proche périphérie et la bombe qui a secoué toute la ville de Larbaâ, les gens vivent sur les nerfs. Désormais, tout le monde sait que les GIA peuvent frapper n'importe où, n'importe quand. Beaucoup d'estivants ont préféré, hier, s'abstenir de partir à la plage. La côte ouest d'Alger, Moretti, Zéralda, Sidi Fredj, Palm-Beach, Colonel Abbes et Douaouda étaient sous haute surveillance et tous les accès routiers périphériques d'Alger étaient quadrillés. Tout est filtré, vérifié et soumis aux divers contrôles de la police et de la gendarmerie. Les indices ne trompent pas: Alger vit à l'heure de l'alerte aux attentats. Aux arrêts de bus, les marchés et les grandes artères publiques, la présence de policiers, en tenue ou en civil, est synonyme, à la fois, de sécurité et de risques réels à encourir. Les autorités de la ville de Larbaâ ont préféré évacuer complètement les marchés et interdire la vente ailleurs que dans le marché couvert. Aux Eucalyptus, Bougara, Meftah, Baraki, comme à Hussein Dey, Maqaria, El-Harrach et Kouba, les agents de l'ordre tentent de réguler la circulation et les transports publics, tout en surveillant les individus suspects et les paquets douteux. Après des mois de repos, ils vont devoir redoubler de vigilance et d'efforts. Selon un ex-chef des groupes armés, aujourd'hui «repenti», il faut se méfier sérieusement de cette rumeur persistante. «Après avoir mis en état d'alerte les services de sécurité, les GIA laissent passer cette période de vigilance extrême pour agir ensuite, avec précision et fureur, à la faveur de la baisse de tension, qui s'accompagne souvent d'un relâchement de la surveillance. Cette stratégie est infaillible.» Aussi, faut-il donc, non pas se réjouir de cette série de faux attentats à la bombe, mais prendre ces rumeurs comme autant de signaux rouges.