A tous les points de vue, Washington approuve la démarche présidentielle basée sur la concorde et un ambitieux plan de relance économique. Le président de la toute-puissante Amérique a profité de la fête de l'Indépendance nationale pour adresser un message ne souffrant guère d'ambages au chef de l'Etat algérien. Dans une très courte missive, rédigée dans un style direct, percutant et fonctionnel des Anglo-saxons, le président George W.Bush commence sa missive en rappelant que les USA ont toujours été du côté de l'Algérie «depuis l'époque de John F. Kennedy». Bush, au passage, rappelle la dernière entrevue qu'il a eue avec Bouteflika, en marge du sommet du G8 il y a de cela trois semaines, qui lui a «permis de renforcer encore cette relation». La finesse et le sens de la repartie du président semblent être venus à bout des ultimes réticences US après qu'ils eurent joué presque à fond la carte du FIS, permettant même à un criminel comme Haddam de revendiquer l'horrible carnage du boulevard Amirouche à partir de leur territoire. Les attentats du 11 septembre ont remis en cause pas mal de faits établis. Ils ont surtout donné intégralement raison à l'Algérie dans ses thèses qu'elle n'a eu de cesse de développer à l'échelle internationale depuis plus de 10 ans sans trouver beaucoup d'oreilles attentives. Les choses ont changé désormais, puisque c'est l'oreille de l'homme le plus puissant de la planète qui, désormais, est tendue, à l'écoute des besoins de notre pays: «Je partage pleinement les aspirations du peuple algérien à la paix et au progrès économique.» S'exprimant au nom de tout le peuple de son pays, Bush ajoute que «les Américains savent que l'Algérie est notre alliée dans notre lutte commune contre le terrorisme à l'échelle globale». La violence qui secoue notre pays est même qualifiée de «fléau» dans la lettre de Bush qui annonce, en filigrane, des aides conséquentes pour notre pays dans son combat quotidien pour sa sortie de crise. «Je sais qu'à côté de votre lutte contre ce fléau, vous déployez de grands efforts pour poursuivre les réformes politiques et économiques, si nécessaires à la population car elles assureront (les réformes, NDLR) un avenir plus sûr à leurs familles.» Le «verdict», clair et net, tombe juste après, «Nous soutenons ces efforts (lutte contre le fléau terroriste et réformes économiques, NDLR) et nous vous souhaitons d'avancer sur la voie de la réussite.» Cette sortie vient conforter les analyses faites par rapport à un rapprochement sans précédent établi entre les USA et l'Algérie depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. Elle ne manquera pas d'influer durablement et très fortement sur les rapports de force en présence, mais aussi sur l'issue finale de la lutte antiterroriste suivant les visions du chef de l'Etat. Des visions déjà explicitées dans son dernier discours, établissant clairement trois formes de terrorisme, avec trois méthodes distinctes de lutte contre ces fléaux. Le Président, rappelons-le, persiste et signe en ce qui concerne la nécessité de mener à bien son plan portant établissement ou rétablissement de la concorde nationale. Bouteflika, dans le même temps, accorde une priorité absolue à ce qu'il qualifie de «mesures d'accompagnement de la lutte antiterroriste», c'est-à-dire le besoin de donner un bon coup d'accélérateur au plan de relance économique afin de garantir, dans les meilleurs délais, un emploi et un logement pour tous. Cette démarche, particulièrement hardie, ne semble pas être au goût de tout le monde. L'actuelle recrudescence terroriste cherche, selon toute vraisemblance, à faire capoter la démarche présidentielle dont les détails seront incessamment livrés à l'opinion à travers le futur programme gouvernemental.