Sur les plans économiques et politiques, les objectifs apparaissent ambitieux. L'idée de la création du Nepad remonte à l'année 2000, après la rencontre qui avait regroupé les trois présidents africains, Abdelaziz Boutefika (Algérie), Olusegun Obasanjo (Nigeria) et Thabo Mbeki (Afrique du Sud), avec leurs homologues du G7 en juillet 2000 à Tokyo (Japon) pour plaider l'annulation de la dette africaine. Les 3 chefs d'Etat africains ont décidé de mettre sur pied un plan global de développement de l'Afrique, suggérant aussi un nouveau type de coopération entre l'Afrique et ses partenaires. Ce plan, appelé Programme de renaissance de l'Afrique pour le millénaire (MAP), a été présenté en février 2001 aux patrons de la Banque mondiale et du FMI à Bamako (Mali) qui l'avaient favorablement accueilli. En parallèle, un programme de même type appelé Oméga fut élaboré par le président sénégalais Abdoulaye Wade. Ces deux plans ont fusionné pour donner naissance à la «Nouvelle initiative africaine (NIA)» adoptée en juillet 2001 par le 37e sommet de l'OUA, tenu à Lusaka (Zambie) et a été présentée au G8 en juillet 2001 à Gênes en Italie. En octobre 2001, le comite des chefs d'Etat pour la mise en oeuvre du programme NIA, réunis à Abuja (Nigeria), décida de changer la dénomination de ce plan en (Nepad) De leur côté, chacun des pays du G8 a désigné un expert de haut niveau pour mettre au point, conjointement avec le comité directeur du Nepad, un plan d'action dont les grands axes ont été présentés à la réunion du G8, qui s'est tenue à Kananaskis au Canada. Même si les pays riches y ont réitéré pour l'occasion leur volonté de soutenir les Africains dans leur processus de développement, il n'en demeure pas moins pour le moment qu'aucun engagement financier n'a été pris. Hormis la décision issue du sommet de Kananaskis, d'accorder à l'Afrique la moitié de l'aide publique au développement supplémentaire, les pays riches préfèrent apparemment procéder par étape, en attendant des mesures palpables de la part des Africains. Ces derniers visent à obtenir 60 milliards d'euros par an pour soutenir la relance du continent! Il faut savoir que même si dans le passé des tentatives de même nature ont existé, le Nepad innove en essayant de définir les voies et moyens de ce qui pourrait être un développement de l'Afrique approprié par les Africains. Sur le plan économique, les objectifs apparaissent ambitieux: un taux de croissance annuel de 7% pendant une quinzaine d'années pour parvenir à la réduction de la pauvreté de moitié d'ici à 2015 par la poursuite, notamment des objectifs internationaux en matière de développement durable dans le domaine de la santé et de l'éducation, le renforcement des infrastructures de base, l'engagement des réformes économiques, le développent de l'agriculture, le renforcement des capacités par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il faut noter aussi que la globalisation de l'économie induit des impératifs généraux de compétitivité: les barrières non tarifaires tombent, celles tarifaires baissent, le périmètre des systèmes de préférence se rétrécit et une forme de partenariat basée sur la réciprocité s'installe. C'est donc à juste titre qu'en prolongeant le pari de l'intégration régionale et continentale, le Nepad mise sur le relèvement des capacités de l'Afrique à compétition et sur l'ouverture des grands marchés d'exportation aux produits africains, ainsi que le renforcement des initiatives de la coopération Nord-Sud et Sud-Sud. Sur le plan politique, les Africains ont promis «la bonne gouvernance», à travers l'instauration du respect des droits fondamentaux, la promotion de la démocratie, la lutte contre la corruption, etc. En ce qui concerne l'Algérie, le chantier des réformes a été lancé bien avant que les riches de ce monde n'aient eu à débloquer leurs flux financiers à travers la réforme du système judiciaire, la modernisation de l'administration et des institutions étatiques, la réforme économique. Mais comme l'ont déclaré auparavant plusieurs responsables algériens, «le partenariat étranger est indispensable pour la réussite de ces projets». «Le plan d'action pour le développement de l'Afrique est un partenariat. S'ils ne remplissaient pas leur part, l'argent ne viendrait pas», a déclaré Jean Chrétien, président en exercice du G 8. Les Africains sauront-ils respecter leurs engagements?