Le rassemblement populaire commémorant la mort de l'imam Moussa Kazim est le premier organisé à Baghdad depuis la cession de la responsabilité de la sécurité aux services irakiens. Des centaines de milliers de chiites ont participé hier sans incident majeur à un pèlerinage à Baghdad considéré comme un test majeur pour les forces de sécurité irakiennes après le retrait des soldats américains des villes. Le pèlerinage, qui commémore la mort de l'imam Moussa Kazim, est le premier organisé dans la capitale depuis que, le 30 juin, les Américains ont cédé aux militaires et policiers irakiens la responsabilité de la sécurité dans les agglomérations du pays. «Nous continuons à recevoir pour la quatrième journée consécutive les pèlerins. Aujourd'hui est la journée la plus chargée», a affirmé le responsable du mausolée de l'imam Kazim qui a estimé à cinq millions le nombre de pèlerins. Ce chiffre n'a pu être vérifié de source indépendante. «Le pèlerinage se passe de façon excellente en raison d'une bonne sécurité, de la discipline des pèlerins et de l'organisation des services qui leur sont apportés», a-t-il ajouté. Autour du mausolée, dans le quartier de Kazimiyah (nord de Baghdad), les forces de sécurité étaient présentes en masse, alors que des hélicoptères de l'armée irakienne survolaient la zone. Une marée humaine continuait à affluer au mausolée. Des groupes de fidèles se frappaient la poitrine en rythme tandis que d'autres brandissaient des étendards noirs barrés du nom de l'imam pour commémorer sa mort. Le pèlerinage doit s'achever dans la journée et les services de sécurité commençaient à organiser des navettes pour ramener les pèlerins dans leurs villes, dans le nord et le sud du pays, d'où ils étaient partis à pied dans des processions de ferveur. Moussa Kazim, le septième des douze imams vénérés par les chiites, a été empoisonné en prison sur ordre du calife abbasside Haroun al-Rachid à la fin du VIIIè siècle, selon la tradition chiite. «Les mesures de sécurité sont très bonnes. Des millions de visiteurs sont présents et jusqu'à présent il n'y pas eu d'incident», a ajouté un officier de police sous couvert de l'anonymat. Adnane Abou Hussein, un pèlerin de 41 ans originaire de Babylone, effectuait pour la première fois le voyage, profitant de l'amélioration de la sécurité dans le pays, où les attentats sont encore toutefois fréquents. «Les années précédentes, les violences étaient importantes et nous empêchaient de venir visiter le mausolée. Mais cette année, la sécurité s'est améliorée, il n'y a pas eu d'incidents ce qui nous a permis de venir pour la première fois avec mes amis», explique-t-il assis sur un trottoir, entouré de sa femme et ses enfants. «Depuis la chute du régime (de Saddam Hussein en 2003), je viens toutes les années. Je suis partie de chez moi hier soir et je suis arrivée ce matin avec mes voisins. Je remercie Dieu car la visite se déroule très bien» a ajouté Ahlam al-Nidawi, 25 ans, originaire de Sadr City, à Baghdad. Aucun attentat majeur n'a pour l'heure été commis contre les pèlerins, qui ont commencé à affluer dès mercredi. Vendredi, toutefois, trois pèlerins ont été tués et près de quarante blessés dans des attentats à la bombe à Baghdad et au sud de la capitale. Le retrait des forces américaines des villes irakiennes entre dans le cadre de l'accord de sécurité signé fin novembre entre les gouvernements irakien et américain. Cet accord prévoit un retrait des troupes de combat d'Irak en août 2010 puis un désengagement total fin 2011.