Les «clandestins» avaient occupé églises et bâtiments universitaires en suivant nombre de grèves de la faim. Paralysé par ses divisions politiques, le gouvernement fédéral du Royaume de Belgique ne parvient pas à résoudre la question de la régularisation des sans-papiers, alors qu'on assiste à une mobilisation sans précédent de la société civile sur cette question. A ce propos, il est à rappeler que 13 «sans-papiers» ont cité en justice l'Etat belge pour non-respect de promesses tenues à leur égard et celui de milliers d'autres, vacillant entre désespoir et incertitude. A cet effet, le gouvernement belge a annoncé dimanche un accord sur les critères de régularisation, dite «humanitaire», des sans-papiers ayant un ancrage local ou pris dans l'engrenage d'une procédure d'asile anormalement longue. Ce dossier, pour le moins brûlant, perturbait sérieusement la vie politique du pays depuis deux ans. Les membres de la coalition gouvernementale n'arrivaient pas en effet à se mettre d'accord. Les occupations par les émigrés, d'abord d'églises puis de bâtiments universitaires, se multipliaient, parfois accompagnées de grèves de la faim de plusieurs semaines. Les ministres ont finalement accouché d'une «instruction à donner à l'Office des étrangers», communiquée dimanche par le gouvernement et qui reconnaît cependant que «certaines situations humanitaires spécifiques peuvent justifier l'octroi d'une autorisation de séjour d'un étranger». Parmi les critères donnés, le document évoque les «étrangers dont la procédure d'asile est déraisonnablement longue», plus de trois à cinq ans selon les cas. Des «situations humanitaires urgentes» sont également mentionnées. Y figurent aussi celles de parents d'enfants mineurs belges, familles avec enfants scolarisés, ou encore étrangers. Le document appelle aussi à prendre en compte le critère d'un «ancrage durable en Belgique» pour les étrangers qui y séjournent depuis plus de cinq ans ou qui disposent d'un contrat de travail, les liens sociaux tissés en Belgique, le parcours scolaire et l'intégration des enfants, la connaissance d'une des langues nationales... Interrogé sur l'antenne de la télévision publique Rtbf, le ministre des Finances, Didier Reynders, a résumé la situation en précisant: «On en reste à des dossiers au cas par cas» démentant ainsi des «régularisations massives». «Cela n'a jamais été le cas, cela a toujours été sur la base de cas individuels», a insisté de son côté sa collègue de l'Emploi, Joëlle Milquet, qui a hérité du lourd dossier de la politique de migration et d'asile lors du remaniement gouvernemental de vendredi dernier.