Vers 10h 30, les échauffourées ont recommencé dans une ville désormais habitée par la colère. L'angoisse et la colère mêlées habitent la ville des Genêts. De nouveau, les heurts et les échauffourées ont repris de plus belle, dans la journée d'hier. A partir de 10h 30, l'ancienne permanence de la Cadc, au théâtre Kateb-Yacine, désormais occupée par les CNS, est la cible des émeutiers. Aux jets de pierres, répondent les grenades lacrymogènes. Les environs de l'APC sont «noirs» de monde. Emeutiers et badauds sont plongés dans un épais nuage de gaz lacrymogène. La colère gronde. Les émeutiers ne désarment pas. La tension monte et les cocktails Molotov font leur apparition. Un fourgon de police banalisé servant au transport des troupes est pris comme cible par une pluie de cocktails Molotov. Le véhicule prend feu. Abandonné par ses occupants, il finira par brûler totalement, au niveau du jet d'eau, face à l'ancienne mairie de la ville. Partout, la tension monte. Le quartier du Grand-Mondial, au niveau de la poste Chikhi cité Le-Cadi, quartier Bouaziz... Une jeune fille, passant au niveau du rond-point, a été très rudement malmenée par les URS en furie. Plusieurs arrestations de jeunes émeutiers ont été signalées. On parle de 17 interpellations rien que dans la journée d'hier. Par ailleurs, une délégation du comité ad hoc de suivi de la situation dans la ville a eu un second entretien avec le chef de sûreté de wilaya. Elle a ainsi rencontré, mardi et mercredi, le responsable de la sûreté pour lui demander l'évacuation par les URS du siège de la permanence de la Cadc et la libération des interpellés. Selon un membre de cette commission, le chef de la police a répondu que le siège de la Cadc était devenu «une sorte de laboratoire pour les émeutiers». Quant aux interpellés qui seraient toujours, selon des sources fiables, au commissariat central de la ville, des enquêtes en cours détermineront s'ils sont traduisibles devant la justice ou non. En réponse à ce «nouveau» traitement du mouvement citoyen par les responsables, la Cadc, réunie en conclave ordinaire aux Ouadhias les 25 et 26 mars, a lancé un appel à la population pour une marche pacifique suivie d'une grève générale aujourd'hui à 11h. La marche débutera du carrefour du 20 Avril, en contrebas de l'université Hasnaoua I et ce, vers le siège de la wilaya. Au moment où nous mettons sous presse, Tizi Ouzou continue à «mâcher» sa colère. Les commerces, qui avaient tous ouverts leurs portes, tôt le matin et les rues pleines de monde annonçaient une journée calme. Cependant, ce n'était qu'un calme trompeur, la ville allait renouer avec les échauffourées, dès 10h. L'inquiétude persiste aujourd'hui, avec la marche de la Cadc qui s'annonce importante. De nombreuses régions - Azazga, Larbaâ Nath Irathen, Beni Douala, Mekla - ayant annoncé leur volonté de participer en masse. La police laissera-t-elle la marche se faire? Là est la question!