Comme dans tous lieux de travail, si des amitiés se nouent, des animosités peuvent également naître. Un cadre de la Sonelgaz est mort vendredi dernier alors qu'il était condamné à 2 années de prison. C'est loin d'être un banal fait divers. Vous allez comprendre pourquoi: M.Hamdane Hakem, c'est de lui qu'il s'agit, était directeur de distribution de Sonelgaz de Bologhine, à Alger. Sa direction avait en charge des milliers d'abonnés. Des abonnés parmi lesquels se trouvent quelques-uns dont la consommation d'électricité et de gaz est facturée au forfait. Qui d'entre nous n'a pas reçu au moins une fois une facture de ce type? Sauf que là il s'agissait d'organismes et que leur facturation au forfait aura été répétée 60 fois. Il faut préciser que le forfait peut être en deçà de la consommation réelle du mois comme il peut être supérieur. Comme dans tous lieux de travail, si des amitiés se nouent des animosités peuvent également naître. Un employé qui n'éprouvait visiblement pas trop de sympathie pour M.Hakem, son directeur, s'en alla porter l'affaire aux services de sécurité en mettant en avant la «surfacturation». Après les auditions préliminaires, M.Hakem fut présenté à la justice qui a délivré contre lui un mandat de dépôt. Quatre autres de ses collaborateurs ont été placés sous contrôle judiciaire. Le tribunal de Bab El Oued a prononcé la relaxe des collaborateurs, mais condamné M.Hakem, leur directeur, à deux années de prison ferme. Il faut préciser que le procureur avait requis contre lui 7 années. C'est pourquoi il a décidé de faire appel contre ce jugement. Un mois plus tard l'affaire passe devant la cour. C'était le 19 juillet dernier. C'était aussi le jour anniversaire de M.Hakem. Il fêtait ses 60 ans. Durant l'audience, le stress aidant, M.Hakem s'est subitement senti mal. Il éprouvait des difficultés à respirer. Son P-DG témoigne en sa faveur et explique que les surfacturations ne sont pas forcément intentionnelle, encore moins délictuelles dans tous les cas. Il explique les raisons techniques qui peuvent aboutir à cette forme de facturation au forfait. A la fin de l'audience, la cour met l'affaire en délibéré pour le 26 juillet 2009, c'est-à-dire hier. Verdict: M.Hamdane Hakem est acquitté. Malheureusement, il n'est plus de ce monde pour entendre le verdict qui le rétabli dans sa dignité d'homme honnête. En effet, quatre jours auparavant il est victime d'un deuxième malaise. Plus fort que le premier. Evacué aux urgences, il décède le lendemain. L'arrêt de la cour a été donc lu en son absence. Comme on vous le disait, l'affaire n'a rien de banal. Voilà un cadre qui n'a pas supporté le poids de l'indignité qu'on s'évertuait à lui faire endosser. Il ne l'a pas supporté, à tel point qu'il en est mort. A qui la faute? A celui qui l'a «dénoncé»? A la justice de lui avoir infligé une peine de prison ferme en première instance? Au procureur qui par son insistance était convaincu que l'accusé méritait une peine plus lourde? Sans aucun risque de nous tromper, ce sont toutes ces personnes qui par leur comportement sont responsables à des degrés variables du décès de ce cadre innocent. L'affaire ne peut s'arrêter là. Elle porte en elle un lourd, très lourd précédent.